C’est une équipe de l’Université de Sydney et du Chinese Centre for Disease Control and Prevention (CDC de Beijing) qui s’est concentrée sur les invertébrés, 220 exactement, -et ce sont les animaux les plus nombreux sur la planète- dont des insectes, des araignées et des vers. Une étude qualifiée » d’extraordinaire » et » révolutionnaire » par l’auteur principal, le Pr Edward Holmes du Marie Bashir Institute for Infectious Diseases & Biosecurity and the School of Life and Environmental Sciences. En effet, la recherche révèle que nous sommes entourés de virus dans notre vie quotidienne, cependant la plupart d’entre eux ne se transmettent pas facilement aux humains.
Un nombre incroyable de virus, bien plus élevé que ce que nous pensions : les chercheurs montrent que la plupart des familles de virus qui infectent les vertébrés, dont les humains -comme les virus grippaux par exemple – sont en fait dérivés des virus retrouvés chez invertébrés. Ces virus auraient été associés à des invertébrés pendant des milliards d’années puis auraient muté ou » glissé » vers des virus » humains « . Les chercheurs décrivent cette évolution comme » une souplesse génomique remarquable qui comprend une recombinaison fréquente, le transfert de gènes latéraux entre les virus et les hôtes, le gain et la perte de gènes et des réarrangements génomiques complexes « .
La source la plus importante d’ADN et d’ARN sur la planète, ce sont les virus, » une source qui se trouve littéralement sous nos pieds « . Ainsi, ces travaux suggèrent que des virus dérivés de l’acide ribonucléique, ou ARN dont la mission est de transporter les instructions de l’ADN seraient susceptibles d’exister dans toutes les espèces de la vie cellulaire.
Une virosphère jusque-là ignorée : alors que les invertébrés comme les insectes portent de si nombreux virus, aucune équipe ne s’y état jusque-là attardée pour une bonne raison : la plupart de ces virus n’ont jamais été associés à une maladie humaine. Les chercheurs confirment ici, qu’en dépit du rôle vectoriel de certains insectes, dans la transmission du virus zika ou de la dengue par exemple, la plupart de » leurs » virus ne sont pas transférables aux humains.
Des techniques à la pointe de la méta-génomique : les mêmes techniques utilisées pour découvrir ces virus chez les invertébrés pourraient également être utilisées pour déterminer la cause de nouvelles maladies humaines. Ainsi, de prochaines recherches utilisant ces nouvelles techniques ont pour objectif de mieux comprendre la maladie de type Lyme et d’autres syndromes cliniques.
Source: Nature 23 November, 2016 DOI: doi:10.1038/nature20167Redefining the invertebrate RNA virosphere