La capacité de pouvoir agir sur soi même, se faire du bien, calmer ses angoisses, sa colère, son agitation, est une qualité essentielle, vitale, pour la santé, le bien être, aussi bien pour l'adulte que pour l'enfant. Cette capacité devrait pouvoir être appréhendée dès l'enfance car cette période est propice pour éveiller et travailler les sens, les ressentis. Aujourd'hui l'école par ces programmes et objectifs ne prépare pas bien l'enfant dans ce sens même si des actions et interventions commencent à prendre en compte ces besoins. Les enfants dans la société actuelle sont, comme les adultes, et de plus en plus tôt, soumis à un grand nombre de sollicitations, une accélération des stimulis et une pression forte en terme de réussite.
Cette accélération des rythmes de vie, des informations et des stimulis qu'on peut relativiser Yang (mobilisations externes) dans la vision de l'énergétique chinoise épuise notre énergie Yin (ressources internes) avec toutes les conséquences qui en découlent, fatigue, difficulté à se concentrer, agitation, insomnie, stress, douleurs, etc.
Ces conséquences souvent douloureuses voire dommageables dans l'évolution de l'enfant méritent qu'on s'y attarde. Pour cela il semble intéressant d'aller au delà des simples injonctions qu'on peut adresser à l'enfant comme calme-toi, prend confiance ou essaie de te concentrer, en allant dans le comment faire et en lui proposant des techniques corporelles adaptées.
La pratique de la relaxation et du tai ji chuan, en invitant l'enfant à plus de lenteur et au regard intérieur est un excellent moyen pour recharger l'énergie Yin qui s'épuise. Cela calme les enfants, améliore leur concentration, leur attention et leur respiration et leur offre des pauses dans des journées souvent bien chargées, préservant ainsi leur équilibre et donc leur santé. Elle leur permet d'accéder à un mieux être tant dans leur corps que dans leur esprit.
Dans les séances que j'anime en école primaire sur Saint-Etienne, une première partie de la séance, en position couchée sur le dos, est consacrée à la détente et au recentrage par l'écoute et le travail de la respiration abdominale. Une deuxième partie debout consiste à exécuter des mouvements de tai chi ensemble, en groupe, avec lenteur et précision. Ces exercices permettent de développer et d'améliorer chez l'enfant sa coordination psycho-corporelle, son équilibre, son attention et sa concentration. Une dernière partie consiste en des exercices plus rapides et plus ludiques.
Ce travail sur la présence à soi et à ce que l'on fait par l'écoute corporelle est pour moi la principale qualité à travailler avec les enfants. Tout d'abord parce que c'est sur ce socle que les enseignements et apprentissages vont pouvoir le mieux se développer, et, aussi parce que dans cette introspection et cette attention aux ressentis, à la respiration, l'enfant qui grandit, va apprendre à mieux se connaître et trouver en lui les ressources nécessaires à une meilleure gestion de ses émotions quand il en aura besoin.
Depuis que j'anime ces cours, je fais le constat que même s'il est difficile parfois pour des enfants d'entrer dans ce genre d'activité, très rapidement ils y prennent goût et expriment clairement ce qu'ils ressentent : "Ca me repose quand j'écoute mon ventre", "je me sens plus calme" "je sens mon coeur qui bat", "je suis moins énervé", "j'ai l'impression d'être vide, plus léger" " j'avais l'impression de rêver " etc.
Les enfants sont très réceptifs. Ils comprennent rapidement l'intérêt des exercices proposés et la possibilité d'y avoir accès autant qu'ils le souhaitent et presque de partout puisqu'ils n'ont besoin pour cela que de leur corps.
Une meilleure attention à soi, à sa respiration, c'est aller vers plus de compréhension aux enseignements scolaires, moins de violences et de souffrances dans la relation aux autres, moins d'agitation, moins de fatigue, bref un véritable mieux être qui s'installe petit à petit avec le temps.