je laisse compagnon idéal s'y coller.
"Une petite expédition au Congo…
Ce week end, nous sommes partis à 4 voir les gorilles à dos argenté, une sous-espèce en voie de disparition qu’on ne trouve que dans la région du Kivu, entre le Congo et le Rwanda. Cette région du Kivu étant à 3 à 4h de Bujumbura, on a décidé de se lancer dans l’aventure, et pour de l’aventure, nous avons été servis.
Nous avons demandé à un ami italien de nous accompagner, vu sa connaissance de la région (il va régulièrement à Bukavu, la ville la plus proche du parc et il connait quelques personnes là-bas, un atout indéniable pour ce genre de voyage). Déjà, le trajet n’est pas une sinécure. Routes non-goudronnées ou pleine de nids-de-poule, les autres usagers de la route qui sont des dangers pour nous ou pour eux-même, notre accompagnant n’étant pas en reste… Un peu trop d’année d’Afrique peut être ? Bref, au volant de sa voiture, pas toute neuve, il nous a propulsé sur ces routes pour le moins traitres, à une vitesse qui m’a paru… déraisonnable ?
Ce qui devait arrivé, arriva : nous avons crevé. C’était à Cibitoke (prononcer Chibitoké), heureusement. Notre ami, appelons-le R. pour simplifier, négocie l’aide d’un local. Tant mieux parce que je ne suis pas un pro du changement de roue et ceux qui nous accompagnaient étaient à peine plus doués. Reste qu’une voiture de 5 muzungu (= blancs) qui a crevé en ville, ça attire du monde, beaucoup de monde. C’était du déjà-vu pour moi car il nous était arrivé la même chose en Inde en allant eu Taj-Mahal. Bref, on a veillé sur les sacs dans le coffres, on a empêcher les gamins d’ouvrir les portes et on a sourit aux gens en espérant intérieurement que cette *$+£ù de roue soit changée RAPIDEMENT !
Je passerais un voile pudique sur les passage aux douanes. Nous en avons passé 2 (Burundi-Rwanda et Rwanda-Congo). La combinaison muzungu-français avec des passports diplomatique faisaient quasiment de nous des aimants à ennuis avec les douaniers zélés (ou avide, chacun l’interprètera à sa façon). Heureusement, R., je l’ai dit, connait du monde et il nous a évité des discussions trop longues. Bref, après 4 bonnes heures (la crevaison nous a aussi demandé un détour pour racheter une roue de secours, on n’avait pas envie d’une deuxième crevaison, sans roue de secours cette fois…), nous voilà à Bukavu !
Le Burundi est un pays plutôt pas trop respectueux de l’ordre et de la loi, au Rwanda, ça file plutôt droit (malheureusement, on sait pourquoi…) le Congo… c’est simplement le chaos. Le passage à Bukavu et les histoires racontées par R nous en ont convaincu.
Reste que notre hotel s’est avéré plutôt sympathique, ça tombe bien, on avait bien besoin d’un petit havre de paix avant de partir le lendemain pour le parc. Pourquoi le lendemain ? Parce que les gorilles se voient le matin et qu’il faut s’inscrire pour entrer au parc, les places étant limitées pour éviter les hordes de touristes venu déranger les bêtes (et c’est plutôt bien).
Le lendemain levé à 6h… 6h20 (batterie de téléphone en rade), petit déjeuner solide (on ne sait pas combien de temps on restera au parc, ça dépend quand les gorilles sont repérés) et nous voilà repartis pour 1h de voiture.
Oui, encore 1h sur des routes de passables à horribles (une des nationales du Congo est enfaite un chemin de terre… en montagne). Arrivé au parc j’avoue que je me suis demandé si les gorilles valaient tout ça, mais l’accueil m’a rassuré. Le parc est bien tenu, propre et les gardes-forestiers sont très professionnels. Ils ont envoyé des pisteurs dans la montagne (on est à 2100m d’altitude) pour repérer les gorilles. Après un briefing sur les gorilles du parc et surtout une petite discussion pour payer le prix indiqué et pas un prix « spécial muzungu », nous voilà dans un tout-terrain sur un chemin... oui vous avez deviné : un chemin pourri, vers le lieu où les gorilles ont été repérés.
Nous voilà débarqués avec 2 autres visiteuses, un guide, en contact radio avec les pisteurs et un garde armé. Nous nous enfonçons dans une forêt équatoriale de montagne (comprendre : de la végétation dense, des lianes mais une température agréable puisque l’altitude compense la latitude)
et nous commençons une marche sur relief un peu escarpé. Sans être vraiment difficile, cette petite marche nous aura un peu fait transpirer. J’étais en manche courte et je n’ai pas eu froid à un seul instant.
Nos guide nous signalent que nous sommes en approche des gorilles. On dégaine nos appareils et là, au détour d’un chemin, premier contact ! 3 gorilles sont sur le même sentier en sens opposé. Nous nous mettons de côté et ils passent paisiblement devant nous, à 3m.
Evidement, ça a mitraillé (des photos), on n’en menait pas large mais on avait en face de nous ces fameux gorilles. Les guides nous avaient expliqué que ces gorilles avaient été habitué à la présence humaine et que, sauf grands gestes ou autre attitudes stupide, nous pourrions les approcher de très prêts sans risque.
Si l’un d’eux nous charge, surtout ne pas bouger et le regarder dans les yeux. A priori, la fuite, ça ne sert à rien (vu l’environnement, le gorille nous rattrape en 2 foulés) alors que l’intimider à au moins une chance de marcher. Oui, mais bon, vu les masses, ça implique du sang-froid… Bref, le premier contact se passe bien et nous sommes déjà comblés. On pensait que c’était fini, mais en fait c’était le début, car nos guides nous indiquent qu’ils y en a d’autres au pied d’un arbre. Nous nous approchons et làIl s’agit d’un mâle « chef de famille », dans les 240 kg de muscles, accompagné de certaines de ses femelles (5-6) et de quelques petits. Un spectacle à couper le souffle car nous sommes à quelques mètres. Appareils en main, on n’y croyait à peine. A ce moment là je me suis dit que oui, ces kilomètres sur des routes désastreuses, ces tractations et autres valaient bien ça.
CHIMANUKA !
On a eu un petit moment de stress quand une femelle, après s’être approchée à 2m pousse un cri, ce qui attire l’attention de Chimanuka, qui décide de s’en mêler. Eh bien rester sur place et regarder 240kg de muscles qui vous chargent, c’est un bel exercice de maitrise de soi. Heureusement, notre groupe n’a pas trop paniqué, les guides sont tout de suite intervenus de manière très efficace et ce n’était au final qu’un avertissement sans frais. Reste qu’on a préféré éviter que ça se reproduise et on s’est sagement mis en dehors du chemin, continuant à prendre films et photos. Une autre femelle est venue près de nous, mangeant négligemment des fruits balancés au sol par un gorille resté dans l’arbre.
On a passé 10 min incroyables à les observer avec une proximité que je ne pensais pas possible. Il n’y a pas de mots pour raconter ces 10 min là.
Les Gorilles ont fini par partir. On les a suivis quelques minutes. Florence et moi ne trouvions pas ça pertinent. Nous les avions vu dans une configuration inégalable, quel besoin de continuer à harceler ces pauvres bêtes qui sont chez elles ? Après une deuxième observation courte, nous avons unanimement décidé qu’on en avait bien assez vu.
Le retour a été plutôt tranquille : la même marche qu’à l’aller, retour au parc puis à l’hotel, puis à Bujumbura. La route nous a paru plus courte et les douaniers moins pressants. Etait-ce l’habitude ou le souvenir des gorilles ? difficile à dire…
De retour à la maison, on était tous d’accord, ce n’est pas à faire tous les week end, mais ça valait le coup de le faire une fois. Pour ma part, j’étais un peu sceptique ce matin, je suis conquis ce soir. Ce spectacle était inoubliable, j’avais donc envie de le partager.
Gare au gorille !
Nicolas"