Un grand gisement de glace d’eau a été détecté sous la surface de Mars, dans la région d’Utopia Planitia où s’est posé Viking 2 en 1976. C’est plutôt une bonne nouvelle pour les futures missions humaines, car cette ressource serait facilement accessible.
Ce sera peut-être là, dans Utopia planitia, surnommée aussi les « plaines du Paradis » que se posera la première mission habitée sur Mars à l’horizon de la décennie 2030. Pourquoi ? Parce que de nouveaux indices suggèrent que des quantités de glace d’eau importantes s’y cachent sous la surface, à faible profondeur, ce qui rendrait cette ressource particulièrement accessible aux futurs explorateurs et colons.
En effet, une équipe qui a examiné les données recueillies par le radar Sharad (Shallow Subsurface Radar), l’un des six instruments qui équipe la sonde MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) au fil de 600 passages au-dessus du sud-ouest de ce bassin de 3.300 km de diamètre qui s’étend aux latitudes moyennes, dans l’hémisphère nord de la Planète rouge, estime que le sous-sol cache (entre 39 et 49° de latitude) un dépôt de glace d’eau aussi vaste que le Nouveau-Mexique, soit une superficie à peu près équivalente à la moitié de celle de la France. Le volume d’eau serait aussi important que celui du lac Supérieur. Son épaisseur varierait de 80 à 170 mètres et il suffirait de creuser à des profondeurs de un à dix mètres seulement pour rencontrer ce mélange de glace (sa teneur est évaluée entre 50 à 85 %), de roches et de poussières. Signalons que sans la couche superficielle, une grande partie de ce dépôt qui représenterait moins d’un pour cent de toute la glace d’eau martienne, se serait sublimé depuis longtemps.
Du point de vue de l’exploration humaine de Mars, cette région présente donc l’avantage de disposer de ressources en eau accessibles, en plus d’être relativement plate et située à ces latitudes.
Répartition diagonale des dépôts de glace d’eau sous la surface de Mars dans la région d’Utopia Planitia — Crédit : NASA, JPL-Caltech, Université de Rome, ASI, PSI
D’où vient ce gisement de glace d’eau ?
Pour Cassie Stuurman, de l’Institut de géophysique à l’université du Texas, et auteure principale de l’étude publiée dans Geophysical Research Letters, « ce dépôt est probablement formé des chutes de neige accumulées et devenues une couche de glace mélangée avec de la poussière au cours d’une période dans l’histoire de Mars où l’axe de la planète était beaucoup plus incliné qu’aujourd’hui ».
À travers des cycles d’environ 120.000 ans, la planète rouge pivote en effet sur son axe, si bien que les pôles sont beaucoup plus exposés qu’actuellement, où l’inclinaison est de 25°. Dans ces conditions, une partie de cette glace migre aux latitudes moyennes.
Quant à la question d’une possible présence d’eau liquide aujourd’hui sous la surface, comme cela fut certainement le cas il y a plusieurs milliards d’années lorsque le climat était plus doux, il n’y a aucune preuve dans ce sens dans les données de Sharad.