Rien de va plus de l'autre côté de la Manche. Entre les anglais qui veulent quitter l'Europe et ceux qui veulent s'installer définitivement en France avant que le Channel ne devienne infranchissable, l'incompréhension est totale... comme entre les anglais qui ont posé leurs valises chez nous et qui se heurtent, quotidiennement, au charme délicieux de nos procédures administratives les plus simples. Certains d'entre eux envisagent même de mettre sur Avaaz une pétition pour faire brûler Peter Mayle, comme autrefois Jeanne d'Arc, tellement ses livres les ont mal préparés aux difficultés qu'ils rencontrent ! Quand ils découvrent que Mayle a abandonné leur chère Provence pour cette ancienne colonie assez barbare pour voter, comme eux, pour l'isolationnisme le plus méprisant à l'égard des français, ils se demandent si, finalement, la France, c'est si bien que cela ?
Pour un anglais en France, s'adapter à notre administration est nettement plus difficile que le reste
En effet, pour beaucoup de papiers, les difficultés sont différentes en France et en Angleterre. Les Anglais sont désarçonnés face à notre organisation, ils ont aussi du mal à apprécier "le bon côté des choses".
Cette adaptation est rendue plus difficile par le fait que peu de français parlent bien l'anglais. L'inverse est vrai, bien sûr, mais le français sait depuis longtemps qu'il doit s'adapter à l'étranger, que sa langue maternelle n'est plus une langue universelle depuis près de trois siècles. Pour certains anglais - comme pour beaucoup d'américains - découvrir qu'il y a des gens incapables de s'exprimer dans leur langue maternelle est un choc !
Heureusement pour eux, le sens des affaires arrange les choses et, dans les régions de forte émigration anglophone (la Provence de Mayle, mais aussi la Dordogne et tout le Sud-Ouest), administrations locales, banques et magasins font de gros efforts ; certaines municipalités vont jusqu'à embaucher des employés bilingues.
Des procédures différentes pour les impôts, le compte banque, le vote...
Devenu résident fiscal français, par exemple, l'anglais découvre que notre pays ignore encore, pour peu de temps, le prélèvement à la source, qu'il fonctionne sur un système assez étrange de "foyer fiscal", qui conduit à des arbitrages entre le salaire de l'époux et celui de l'épouse, et qu'une partie de ces impôts sert à financer une "sécurité sociale" au sens large dont Margaret Thatcher l'a depuis longtemps débarrassé.
Il peut, en fait, assez rapidement y trouver un intérêt.
Compte bancaire en France : la découverte du chèque
En ce qui concerne le compte banque, ouvrir un compte bancaire français est plus compliqué qu'en Angleterre. La loi lui interdit d'ouvrir son compte à distance, son banquier devant le rencontrer pour s'assurer de son existence réelle. Par contre, une fois le compte ouvert, il découvre qu'il peut obtenir bien plus facilement des moyens de paiement qu'en Angleterre ; c'est dû à une spécificité culturelle de ces français qui n'ont jamais appris à utiliser le virement, trop occupés qu'ils étaient à manger leurs cuisses de grenouille sur leur baguette ! Sans habitude du virement (que les banques françaises voudraient bien, pourtant, imposer à leur client, en l'attirant avec une gratuité autrefois donnée au paiement par chèque), le français doit avoir un chéquier rapidement, alors que le banquier anglais attendra plusieurs mois avant de vous accorder la fameuse carte de crédit, vous obligeant à transporter beaucoup plus de liquide sur vous pour votre vie quotidienne.
La création de société : pas de "ready made"
Si notre expatrié anglais souhaite ouvrir une société en France, il découvrira que les procédures sont à peu près similaires, mais qu'il n'existe pas la "ready made private limited company", courante en Angleterre pour démarrer très rapidement son activité. Il s'agit en réalité d'une coquille vide déjà créée, qui lui permet de faire ses premiers actes juridiques en attendant que son juriste fasse les formalités de transformation (changement de nom social, d'associés, etc).
Les anglais, finalement, se sentent bien en France
Malgré toutes ces difficultés, les avantages de la France l'emportent largement. Il y a deux fois plus d'anglais vivant en France que de français vivant en Angleterre, en particulier de retraités. C'est normal : qui voudrait aller chercher le soleil en Angleterre ? Pour les actifs, la France est bien positionnée sur de nombreux secteurs d'activité, elle ne risque pas de quitter l'Union Européenne et les créatifs anglais sont très appréciés, comme les financiers expérimentés.
Il leur reste donc à apprendre le français...
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