Ampleur, maîtrise, infinité du temps... caractérisent ce roman-fleuve distingué par le prix Femina 2016. S'il pêche par sa longueur, les méandres de descriptions et de listes ludiques, sortes d'alluvions à la Yann Moix- pour poursuivre notre métaphore fluviale - le texte révèle néanmoins une écriture accomplie, dotée d'une vraie tension narrative, ce n'est pas moindre exploit.
Enfant sauvage, sorte de résurgence du célèbre héros de François Truffaut, le "garçon" se trouve seul au monde après le décès de sa mère.
Nous sommes en 1908, l'enfant a quatorze ans.
"(..) la mère était seule sur terre à connaître son existence et la mère est morte"
Roman initiatique, qui observe cliniquement, artistiquement, longuement- vous l'aurez compris- l'accès au monde, à la civilisation, de l'enfant, définitivement mutique, le récit prend le lecteur à témoin de ses expériences progressives de l'amour, de la guerre, du bagne, tandis que le siècle débutant - focus majeur sur les années 1908-1918 - vibre d'innombrables événements. Et de l'englober - le lecteur, si vous me suivez - dans son travail d'écriture, sa poétique particulière en une amène complicité
L'auteur prend le temps, le vôtre, le sien, celui de l'intégration provisoire du "garçon" à la communauté d'un hameau, celui du merveilleux, pur amour que lui voue Emma, celui de l'apocalypse d'une guerre barbare et de l' envoi au bagne de Cayenne, suite à une rixe absurde...
" Voilà, l'essentiel est dit.
Bien qu'il lui reste vingt années à vivre, celles-ci ne formeront en définitive que l'unique et dernière strophe,délayée, de sa chanson d'automne."
Et pour nous, la découverte d'un écrivain. Un vrai.
Le garçon, Markus Malte, roman, Ed. Zulma, août 2016, 544 pp