Partager la publication "[Critique] FRIEND REQUEST"
Titre original : Unfriend
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Simon Verhoeven
Distribution : Alicia Debnam-Carey, Brit Morgan, William Moseley, Sean Marquette, Connor Paolo, Liesl Ahlers…
Genre : Épouvante/Horreur
Date de sortie : 23 novembre 2016
Le Pitch :
Belle, intelligente et populaire, Laura, une étudiante à Los Angeles, partage les joies et les peines de son quotidien avec ses nombreux amis sur Facebook. Un jour, elle accepte par gentillesse la demande de Marina, une fille introvertie qui n’a pas un seul ami. Marina qui commence alors à se montrer insistante envers Laura, au point que cette dernière franchit le pas, et supprime la jeune fille de sa liste d’amis. Sa vengeance sera terrible…
La Critique de Friend Request :
La montée en puissance des réseaux sociaux, leur influence et leur importance dans la vie quotidienne de leurs millions d’utilisateurs à travers le monde inspirent de plus en plus les producteurs et les réalisateurs, qui montent des projets plus ou moins rattachés à nos habitudes numériques. Et ce dans tous les genres, dont l’épouvante, qui s’est de toute façon toujours inspirée des modes pour rebondir et offrir aux frissons des écrins dans lesquels les nouvelles générations allaient pouvoir se sentir à leur aise. C’est donc après le bancal et globalement raté exercice de style que fut Unfriended, que déboule Friend Request. Un long-métrage qui, comme son nom l’indique, se focalise sur Facebook…
Social Network
Contrairement à Unfriended donc, qui abordait son sujet d’une manière bien particulière (tout le film se déroulait sur l’écran d’un ordinateur), Friend Request se pose comme un projet plus conventionnel. Facebook est au centre de la dynamique mais la réalisation se veut plus simple. Plus basique. Même si au fond, les incrustations à l’écran démontrent d’une volonté du réalisateur de venir flirter un tant soi peu avec les codes visuels du réseau social. Mais sinon, rien à signaler. La mise en scène de Simon Verhoeven (rien à voir avec Paul) est ordinaire et repose sur d’inévitables jump scares un peu moisis, comme nous avons l’habitude d’en voir dans toutes les productions vaguement horrifiques à destination d’un public jeune.
Nous suivons donc ici une jeune fille ultra populaire, qui avec ses 800 et quelques amis Facebook, son copain blond comme les blés et ses copines trop cool, vit la vie de rêve de la parfaite américaine. Un jour, une nana gothique qui doit certainement écouter Evanescence en boucle le soir chez elle et qui entretient une ressemblance avec la Lisbeth de Millenium, la demande en amie. Le hic, c’est que cette fille est une marginale sur Facebook (et dans la vraie vie). Notre héroïne si virginale et si tendance devient la première à voir le journal Facebook de cette étrange personne qui en plus de tout le reste, s’arrache les cheveux par poignées pour bien montrer à quel point elle est torturée. Comme si les dessins super glauques qui remplissent son profil ne suffisaient pas. Une fille qui est en fait une sorte de sorcière, garante d’un savoir-faire maléfique, qu’elle va mettre en branle une fois que la gentille nana canon et super populaire l’aura éjectée de sa liste d’amis. Le coup de la vengeance en somme. Très classique. Et non, rien ne viendra bousculer cette confortable routine, si ce n’est quelques meurtres étonnamment sanglants.
Dangereuse alliance
Alicia Debnam-Carey, l’une des têtes d’affiche de Fear The Walking Dead, porte à bout de bras ce thriller horrifique ordinaire et sans surprise, en prenant bien garde de marcher sur les traces des dizaines de scream girls qui ont marqué ou pas l’histoire du cinéma qui fout la trouille. Elle fait le job, pas de soucis. Comme ses collègues d’ailleurs, chacun bien à leur place dans un jeu du chat et de la souris aussi prévisible que fadasse.
Un film d’autant plus policé qu’il vient mine de rien se frotter, avec ses prétentions sociétales, aux thématiques abordées d’une façon autrement plus profonde par la série Black Mirror. Un show qui jamais ne tombe vraiment dans l’horreur, mais qui, grâce à une écriture redoutable d’intelligence et de pertinence et à des mises en scène malignes et inspirées, parvient à faire frissonner avec beaucoup plus de conviction. Car le but sous-jacent revendiqué de Friend Request est de souligner notre addiction aux réseaux sociaux. Comme Black Mirror en somme qui s’est notamment intéressé au sujet dans l’excellent premier épisode de la saison 3. Le problème, c’est que Simon Verhoeven y va comme un bourrin et se contente en quelque sorte d’adapter des clichés séculaires aux questions qu’il pose, sans même chercher à les sublimer ou à apporter une réponse personnelle. Friend Request est un slasher surnaturel où une sorcière volatile remplace le mec au masque de hockey. Point. Oui, on est très loin de Black Mirror, cela va sans dire.
En Bref…
D’une banalité extrême, Friend Request n’est qu’un film d’épouvante de plus, qui prétend nous éveiller aux dangers relatifs aux réseaux sociaux, sans même essayer de vraiment incarner son propos. Et si les quelques scènes gores parviendront peut-être à retenir l’attention des amateurs, tout le reste s’avère bien trop fade pour s’avérer mémorable et percutant d’une quelconque façon. On déconnecte.
@ Gilles Rolland