Lors de sa catéchèse d’hier (Ici),
le Saint-Père a évoqué la grande et belle figure de saint Isidore de Séville. Rappelons que saint Isidore (+ 636) - que le P. Congar appelait « le maître du Haut Moyen-Age »,
fut l’une des plus grandes figures du catholicisme wisigothique et l’une des plus rayonnantes de la chrétienté médiévale tout entière.
« Saint Isidore, dit le Saint-Père, était le frère de Léandre, évêque de Séville, et un grand ami du Pape Grégoire
le Grand. Ses œuvres montrent qu’il avait une connaissance encyclopédique de la culture classique païenne et une connaissance approfondie de la culture chrétienne. En 599, Isidore succéda à son
frère sur le Siège épiscopal de Séville, qu’il occupa jusqu’à sa mort en 636. Le Concile de Tolède le définira comme “illustre maître de notre époque, et gloire de l’Église
catholique” ».
Isidore est l’auteur, notamment, des fameuses Etymologies, dont saint Thomas s’est maintes fois inspiré en ses œuvres, ainsi
que de la prière Adsumus, d’origine mozarabe, composée à l’occasion du quatrième concile de Tolède (633). Cette très belle prière, à laquelle sont attachées des indulgences, est utilisée
depuis lors dans l’Eglise pour l’ouverture des conciles. Elle a ainsi été utilisée au deuxième Concile du
Vatican. Elle l’est aussi pour des assemblées capitulaires, monastiques ou canoniales, et rien n’interdit d’en faire usage également dans des réunions de laïques ou – pourquoi
pas ? – dans les couples qui se retrouvent pour réfléchir aux orientations données à leurs familles. En voici le texte français (1) :
Nous sommes ici devant toi, ô Esprit Saint ;
nous sentons le poids de nos faiblesses,
mais nous sommes tous réunis en ton nom.
Viens à nous, assiste-nous, descends dans nos coeurs ;
enseigne-nous toi-même ce que nous devons faire,
montre-nous toi-même le chemin à suivre,
accomplis toi-même ce que tu requiers de nous.
Sois toi-même à suggérer
et guider nos décisions,
parce que toi seul, avec Dieu le Père et avec son Fils,
as un nom saint et glorieux ;
ne permets pas que soit lésée par nous la justice,
toi qui aimes l’ordre et la paix ;
que l’ignorance ne nous fasse pas dévier,
que l’humaine sympathie ne nous rende pas partial,
que les charges ou les personnes ne nous influencent pas ;
tiens-nous attachés à toi par le don de ta grâce,
afin que nous soyons une seule chose avec toi
et qu’en rien nous nous détournions de la vérité.
Fais que réunis en ton saint nom,
nous sachions être bons et fermes ensemble,
de manière à tout faire dans l’harmonie avec toi,
dans l’attente que grâce à l’accomplissement fidèle du devoir
nous soient données dans le futur les récompenses éternelles.
Amen.
Le Pape Benoît XVI donne saint Isidore comme exemple de la nécessité de vivre indissociablement l’expérience de la contemplation et
de l’action. Cela vaut évidemment pour les clercs, mais tout autant pour les laïques chrétiens, dans leurs propres engagements au sein du monde, familiaux, professionnels ou
politiques.
« Isidore fit dans sa vie l’expérience d’un conflit intérieur permanent entre le désir de la solitude, pour se consacrer à la
méditation de la Parole de Dieu, et les exigences de la charité envers ses frères, se sentant, en tant qu’Évêque, chargé de leur salut. Dans la situation politique complexe de son temps, il
contribua à la formation du peuple. Grâce à la richesse de ses connaissances, il put confronter la nouveauté chrétienne avec l’héritage classique, ne négligeant rien de ce que l’expérience
humaine avait produit dans l’histoire de sa patrie et du monde. Toutefois, il lui est arrivé de ne pas réussir à faire passer comme il l’aurait voulu les connaissances qu’il possédait à travers
les eaux purificatrices de la foi chrétienne. La leçon que nous laisse le grand Évêque de Séville est qu’il n’est pas possible de vivre ni d’aimer sans faire en même temps l’expérience de la
contemplation et de l’action ».
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(1) Cette traduction est tirée de la revue Info Cliop, la revue de la Commission liturgique internationale de l'Ordre des
Frères Prêcheurs, dans son numéro intitulé "Vie liturgique, dimension pénitentielle et indulgences" (mars 2007, n°7), p. 29.