Certains groupes de parole, de cafés improvisés pour échanger sur des situations dramatiques, sont plus émouvants, plus déchirants que les films et les romans. Ce sont les femmes qui parlent le plus, avec des sanglots dans la voix, comme si les hommes ne s’extériorisaient pas.
Les vies sont dramatiques, à faire pleurer des pierres, et pourtant, malgré les combats, parfois gagnés et si vite annulés, elles repartent, espérant contre toute espérance. Elles ont des projets d’enfant, dans des conditions parfois difficiles, impossibles, mais elles s’y accrochent, parlent de leurs enfants, de leurs conjoints, de cette lutte pour les maintenir en vie, de leur désespoir.
C’est une des émotions les plus fortes que l’on puisse ressentir, que d’assister à de tels groupes, parce qu’ils disent les choses les plus importantes que l’on puisse entendre dans une vie, si loin des clichés, des banalités du quotidien, des préjugés que les gens expriment sur leurs problèmes. Et en même temps, tout cela est pragmatique, mettant en avant le bon sens de certaines solutions que l’on critiquerait facilement dans les medias, sans en saisir les problématiques réelles.
Je suis frappé de la différence d’intensité et de niveau de ce débat, en comparaison de certains propos religieux, totalement médiévaux et bornés, que j’entends parfois dans ma ville d’origine, lors de débats publics organisés. Ces derniers sont le produit de purs idéologues préchant un projet sociétal hyper-réactionnaire, ceux-ci sont plein d’intelligence sur une situation dramatique.