Pourquoi tout cela, on s'en fiche et je trouve que c'est très bien comme ça. Harrison n'est pas là pour faire le moralisateur ou expliquer l'alchimie des âmes en perdition qui se retrouvent, s'accrochent les unes aux autres quand elles se reconnaissent, se consument mutuellement jusqu'à cesser de briller. Et c'est inexplicable, il faut juste le raconter quand on en a le talent, ou le lire quand on le peut.
J'ai pourtant trouvé le propos un peu répétitif, ce qui est le genre même de ce type de bouquin et qui d'habitude ne me dérange pas. Pour tout dire j'ignore au fond pourquoi je n'ai pas accroché; peut-être que c'est la relation entre ces deux hommes et cette femme qui n'a pas explosé comme je l'aurais souhaité, qui n'a pas produit l'étincelle que j'attendais. Trop d'introspection, pas assez de folklore rock and roll ? Pas assez de grandiloquence, pas assez de foutraque et un peu trop de somnifères peut être. Parfois on passe à côté d'un livre sans trop savoir comment on a fait, comme lorsqu'on loupe une sauce alors qu'on avait tous les bons ingrédients pour réussir comme d'habitude. J'en serai donc pour une relecture dans quelques mois.
Extrait : "En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisais à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n'étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin. Disons que je n'étais ni dans les tribunes pour voir le match, ni sur le terrain pour jouer. J'étais plutôt dans les sous-sols, observant avec indifférence la structure de base tout entière. Mes amis n'existaient plus, ma femme non plus. Je n'avais ni Etat, ni patrie, ni gouverneur, ni président. C'est ce qu'on appelle être nihiliste, mais je trouve que c'est un mot beaucoup trop fort pour désigner le vide."