Nous pouvons affirmer que, dans l’ensemble, le modèle clintonien désigne une immixtion directe ou indirecte des États-Unis dans toutes les questions mondiales pressantes. Les États-Unis sont une puissance mondiale et veulent conserver cette position. Pour l’entourage de Clinton, ce statut fait office de tremplin vers nombre d’intérêts économiques et financiers. La Russie fait un retour remarqué et il faut aussi compter avec la Chine, l’Inde, le Brésil, sans oublier l’Union européenne. Le terrain de jeu des États-Unis se rétrécit. Clinton veut conserver l’influence de son pays dans le monde notamment en lui faisant jouer un rôle d’initiateur au plan moral. Il s’agit ni plus ni moins de réaliser la vision néoconservatrice (défendue, ce n’est un secret pour personne, par les démocrates clintoniens) du « nouvel ordre mondial » (un concept qui date de peu après la chute du rideau de fer et qui sent donc déjà le renfermé).Le modèle Trump repose beaucoup plus sur l’idée du diviser pour régner et déchaîne sans retenue la morale protestante des États-Unis, nation dotée d’une mission mondiale. Donald Trump prétend être beaucoup plus attaché aux intérêts immédiatement nationaux des États-Unis et moins à ceux d’un certainestablishmentlibéral. Pour les conseillers de Trump, les relations géopolitiques relèvent donc beaucoup moins d’un statu quo acquis une fois pour toutes. Si les États-Unis ne peuvent plus projeter leur puissance partout dans le monde, où l’Amérique doit-elle concentrer ses efforts ? Dans un tel cas de figure, la recherche d’autres alliés, nouveaux, prend de l’importance. Il va de soi qu’un nouvel État au cœur de l’Europe, dont l’économie est ouverte et qui campe sur une marque de fabrique forte sur les plans culturel et identitaire (la Flandre) aurait probablement plus de chances de s’attirer la sympathie de Trump que de Clinton (si elle était devenue présidente). Et ce d’autant plus si l’UE éprouve des difficultés à maintenir la tête hors de l’eau.La fixation anglophile de très nombreux responsables politiques, hommes d’affaires, fonctionnaires, universitaires et journalistes est un élément dont les cercles autonomistes européens tiennent compte depuis longtemps. Non sans une certaine puérilité, tout le monde s’aligne sans réfléchir sur la culture anglo-saxonne duLand of the Free. Toute personne qui parle l’anglais, pense en anglais et vit en anglais participe au rêve américain. Il n’en est rien évidemment, mais des millions d’Européens utilisent ce truchement pour jeter confusément un voile d’oubli sur leur identité et leur responsabilité sociétale. C’est la version libéralisée du marxisme culturel qui a toujours fait la pluie et le beau temps dans le discours public de notre « vieux » continent. Mais avec la victoire de Trump, l’hégémonie culturelle des anglophiles en prend un coup. A fortiori si Trump devenait copain comme cochon avec le glacial Poutine…Parlons bien, parlons peu, il sera possible ces prochaines années d’œuvrer à l’indépendance de la Flandre sans devoir se débattre contre le dogme internationaliste. Nous entrons dans une période passionnante et, sur ce point du moins, tout le monde est d’accord.PS : L’auteur est membre du personnel du Vlaamse Volksbeweging (Mouvement populaire flamand).
Source : Daardaar