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Empire, le show phénomène aux multiples facettes

Publié le 21 novembre 2016 par Captain_h0wdy @twit2mat

empire

En guise d’entrée en matière, pour mon tout premier article sur le site Hier soir à Paris, je ne peux me passer d’évoquer la série dramatique et musicale Empire, gros succès du moment.

« Succès » me direz-vous ? Ce mot fait peur, et peut directement connoter un manque de qualité, mais il n’en est rien… Crée par Lee Daniels, le réalisateur de Precious et Le Majordome entre autres, et Danny Strong, scénariste de Hunger Games, la révolte ou encore du même Majodrome, la série actuellement en production est diffusée aux Etats-Unis par la Fox et en France sur les chaînes du groupe M6.

Le scénario nous plonge au cœur de la vie de Lucious Lyon, ancienne « big star » du hip-hop devenu un magnat de l’industrie musicale américaine, avec son label Empire Records. Bien qu’assez attachant malgré son caractère impitoyable, nous assistons à la mise en concurrence de ses trois fils, Andre, homme d’affaires diplômé en finance, Jamal, chanteur de rn’b et Hakeem, rappeur, pour savoir qui lui succèdera sur le trône d’Empire. En effet, Lucious est dans les premiers instants de la série atteint de la maladie de Charcot, et prévoit sa succession. Dans ce quatuor digne des plus grandes rivalités grecques, impossible de ne pas évoquer un cinquième personnage principal qui n’est pas des moindres : Cookie, la mère des trois fils et l’ex de Lucious. Nous assistons au tout premier épisode à sa sortie de prison après 17 ans pour trafic de drogue, qu’elle assurait dans sa jeunesse avec Lucious afin de récolter de l’argent pour leur label. Elle se voit ainsi confier peu à peu la direction artistique du label, ayant sans conteste l’oreille musicale afin de dénicher les Beyonce, Usher et Lil Wayne de demain.

Cet aspect est en effet primordial, puisqu’Empire fait éclore de nouveaux talents tant dans la série que dans le marché musical réel. Il s’agit d’une sorte de mise en abyme, puisque les personnages de la série, jusque là très peu connus en tant qu’artistes, se retrouvent propulsés au devant de la scène par le label Empire. Par association, les acteurs méconnus voient également leur carrière décoller au fil des épisodes grâce à Empire en tant que série, et devenant de véritables célébrités aux Etats-Unis. Ainsi, les créateurs et producteurs auraient pu choisir de mettre en valeur des personnes préexistantes dans l’industrie musicale, mais de nouveaux acteurs ont été privilégiés, ce qui apporte sans conteste un vent nouveau au marché musical rn’b américain, qui a tendance à donner le monopole des tubes à certains grands noms récurrents.

N’ayons pas peur des mots, j’aime cette série. Pourtant, les shows musicaux ne sont vraiment pas mon style ; une chanson toutes les 20 minutes et je sais ce que vous pensez… Va-t-on assister à une succession d’épisodes à la Glee où tout le monde se réunit autour d’un piano pour chanter collégialement et de manière (très) agaçante ? Il n’en est rien, et pour une très bonne raison : un producteur américain de renommée est à l’origine de chaque chanson sortant dans un épisode… Une idée ? Il s’agit de monsieur Timbaland en personne, fort de ses succès avec Jay Z, Nas, Madonna, Rihanna ou encore Ludacris, rien que ça. Ces trois dernières lignes peuvent paraître anodines, mais il est évident que le succès et la qualité de la série repose sur ce point essentiel : chaque titre sorti est original, travaillé, les rythmes rappellent un rn’b des années 90, authentique et portant de véritables messages. Cela ne va pas sans l’implication exceptionnelle des acteurs dont certains ont également une casquette de chanteurs ; à la fin d’un épisode, les titres ayant été entendus sont disponibles sur iTunes : malin non ? C’est avant tout une chance pour l’amateur de bonne musique qui pourra poursuivre la dégustation de la série dans ses écouteurs, afin d’embellir son trajet jusqu’au travail le matin où de décompresser dans les embouteillages. De plus, le scénario s’enrichit régulièrement le temps de quelques épisodes de la venue d’invités de marque ; ainsi, l’acteur Jussie Smolett, alias Jamal Lyon, a pu faire un featuring avec Alicia Keys, Mariah Carey ou encore Pitbull, ce qui renforce incontestablement la qualité et la crédibilité de l’histoire contée.*

Un autre pan de la série, et non des moindres, est l’immersion totale dans l’industrie musicale et ses travers, sa dure loi du plus fort semblable à une sorte de chaîne alimentaire, faisant automatiquement penser à la célèbre devise du rappeur américain 50 cent, « Get rich or die tryin ». Nous assistons aux magouilles de Lucious, ne se limitant pas à une simple suppression de l’un des titres de ses chanteurs, ou au vol d’une exclusivité à un autre label… Nous parlons ici de gangs, de drogue, de règlements de compte ; de quoi se poser de réelles questions sur la vie et le passé de grands producteurs historiques comme Dr. Dre, dont la série s’inspire de manière évidente sans jamais l’avouer explicitement. Elle évoque également d’importants sujets faisant perpétuellement l’actualité aux Etats-Unis comme la couverture sociale, la délinquance, et surtout, le mouvement Black Lives Matter. En effet, [attention spoiler], dans la saison 3, l’un des fils Lyon est arrêté et brutalisé injustement par la police qui le soupçonne de commettre un cambriolage alors qu’il effectue son propre déménagement. Ceci n’est pas sans rappeler les récents incidents ayant eu lieu, impliquant des policiers américains et des jeunes hommes noirs ayant perdu la vie ou ayant été arrêtés de manière abusive. Ainsi, Empire n’hésite pas à s’impliquer politiquement, s’emparant du sujet et dénonçant ces pratiques ; certains titres récemment sortis dans les épisodes évoquent même la philosophie Black Lives Matter.

La série a d’ailleurs un gros écho sur les réseaux sociaux et joue des ces plateformes pour appuyer le succès de ses épisodes et des différents titres musicaux sortis, allant jusqu’à utiliser des emojis à l’effigie de la série. Les followers sont ainsi invités à commenter, réagir, partager, et disposent d’une importante proximité avec les acteurs qui multiplient les petites vidéos backstage. Ceux-ci  ont d’ailleurs obtenu d’importantes distinctions, comme le Golden Globe 2016 de la meilleure actrice dans une série dramatique attribué à Cookie Lyon – Taraji P. Henson, ou encore le BET Award 2015 du meilleur acteur pour Lucious Lyon – Terrence Howard.

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Vous l’aurez compris, Empire n’est pas une simple série ; j’ai d’ailleurs été tentée de la qualifier de show tout au long de ma rédaction. Elle regroupe différentes thématiques, rivalités familiales, histoires d’amour, complots de l’industrie musicale, gangs, faits de société, et bonne musique. De quoi en faire l’un des plus importants succès de ces dernières années avec ses 12 millions de téléspectateurs aux USA, et un rendez-vous incontournable à savourer avec un bon chocolat chaud.


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