Le film de Katell Quillévéré apporte un complément au livre de Maylis de Kerangal : des images, des émotions. Il soustrait, bien sûr, des développements qui font la puissance du livre. Les images peuvent-elles prendre la place des mots ? Vit-on de la même manière plusieurs heures (et jours) de lecture solitaire et un peu moins de deux heures de spectacle cinématographique partagé avec d’autres ? Sans doute non. Mettre un visage sur les personnages, c’est déjà instaurer un rapport particulier que la lecture ne nous impose pas. Mais ce qui m’a séduit dans ce film, outre le fait qu’il donne des sensations, c’est peut-être la façon dont la réalisatrice montre les réseaux (images aériennes de villes nocturnes, modes de déplacement : vélo, skateboard, planche de surf, automobile, avion, voire chariot d’hôpital…), comme un tapis sur lequel les humains glissent, presqu’irréel, pour aboutir à ce coeur, matière vivante, dont on attend qu’il reprenne son rythme et sa place dans tous ces réseaux.