Aux très chers yeux de Nintendo, Pokémon représente une marque en extension constante depuis 20 ans. Aujourd’hui, pour de nombreux utilisateurs de Pokémon GO, l’application n’est plus à la mode, une page se tourne et se chiffonne. Envers et contre toutes les critiques, le vif phénomène laissé par le jeu s’accompagne de petites révolutions adressées de droit aux joueurs.
L’on peut parler d’une superposition d’un jeu sur l’autre. La réussite et la suite de l’histoire a été écrite principalement par Pokémon GO. Bénéfice tout de même pour Ingress, bénéficiant encore et toujours de mises à jour et d’un petit regain d’intérêt.Et si Pokémon GO était avant tout une expérimentation hautement bénéfique pour Niantic Labs ? En 2012 paraissait Ingress. La géolocalisation, les points stratégiques fondés sur les monuments majeurs de notre environnement, le gain d’expérience en utilisant régulièrement le logiciel taillé pour fonctionner sur n’importe quel téléphone capable de se connecter à Internet : tout cela existait déjà il y a 4 années. Autour d’une idée divertissante, un public qualifiable de « niche » s’est accroché à des principes équilibrés laissés longtemps sous le radar. En 2016, Pokémon GO reprend code après code exactement la même programmation. Comme si le sceau nippon de Nintendo associé aux souvenirs nostalgiques de ne pas avoir pu aller plus loin dans l’expérience de Pokémon Rouge/Bleu sortis en 1999 trouvait un sens 17 années plus tard. Entre les deux développements, le duel s’organise entre un jeu imaginé de toutes pièces et une belle histoire débutée sur Game Boy. La victoire unanime s’est exprimée pendant 2 mois : les mécanismes et l’esthétique Pokémon se sont idéalement adaptés à un cadre prédéfini avec un succès immédiat. Se dégage là toute la différence avantageuse d’une licence promue, connue et entretenue et ce, pour plusieurs générations de joueurs.
« Celui qui n’a jamais joué à Pokémon jette la pierre la première ». Personne ne l’a clamé ainsi mais la pyramide des âges l’a suggéré : jusqu’à 40 ans et plus, personne n’avait honte de jouer à Pokémon GO. Autour des jeux amenés à sorti sur les diverses consoles de Nintendo, persiste toujours une honte peut-être entendue de tous au moins une fois : « Pokémon, c’est pour les gamins ! ». Enfants, adolescents, adultes, grands-parents ont testé ou ont tenté de s’intéresser voire ont entendu parler à nouveau de Pokémon. Pourquoi ? Comment ? Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant ? Qu’est-ce que cela peut dire de notre société ? Des faits divers d’actualité aux manières de réfléchir sur Pokémon GO, quelques préjugés cadenassés changeaient au fur et à mesure des semaines.
Les mises à jour ouvrent une nouvelle perspective pour le jeu vidéo. Oui, le principe oblige à une dépendance à Internet. Et pourtant, dans le premier aspect d’une mise à jour, s’écrit la possibilité d’un jeu toujours sur la brèche et toujours d’actualité.La réalité augmentée, l’usage de GPS, les facteurs d’apparitions aléatoires : Pokémon GO, encore une fois, n’a rien inventé. En revanche, tous ses principes suivent un contexte : il ne s’agit pas de marcher pour obtenir des bonus mais d’attraper des Pokémon et, si possible, nos préférés ou les plus rares possibles. La réalité augmentée ne concerne plus seulement le milieu familial, une chambre ou un salon où est installée une console : Pokémon GO laissait une infinité de probabilités pour rencontrer des monstres n’importe où. Les limites imposées par une cartouche de jeu Pokémon et la fatidique question « Que faire une fois l’aventure principale terminée ? », deviennent aujourd’hui : « Qu’apportera la prochaine mise à jour ? ». Critiquées ou appréciées, chaque modification événementielle ou fondée sur des ajouts de fonctionnalités induit une mutation pas à pas.
Au centre de la galaxie Pokémon GO vivent les micro-transactions.Le système des micro-transactions se porte à merveille, demandez-le à Niantic Labs. A ce jour, personne n’a véritablement terminé Pokémon GO. Y compris l’atteinte du niveau 40 (Un joueur l’a réalisé en trichant – Source : PhoneAndroïd http://www.phonandroid.com/pokemongo-joueur-reussit-lexploit-incroyable-atteindre-niveau-maximal.html) exigeant soit un investissement chronophage soit une dépense financière énorme. Par euphorie, combien d’entre nous ont décidé de progresser plus rapidement en dépensant peut-être quelques euros ? En termes de chiffres prévisionnels, les recettes sembleraient dépasser les pionniers des jeux « gratuits avec transactions payantes » : pour le site App Annie, les bénéfices s’élèveront aux environs de 1 500 000 000 $. Candy Crush et autres pointures ayant autorité dans le domaine occupent désormais un place secondaire. Un montant plutôt gratifiant comparativement à l’investissement injecté dans Pokémon GO : avec les outils de Google à portée de main, Niantic Labs redistribue seulement 10% des recettes à Nintendo (Source : Gamekult http://www.gamekult.com/actu/pokemon-go-la-mise-au-point-de-nintendo-A166393.html).
Pokemon, une marque non pas en recherche de marques mais dans la volonté très net de s’assurer de son enracinement. Les petites nouveautés jouent un rôle, prennent la température immédiate auprès des joueurs avec quelques échecs et de nombreuses réussites.La parution récente de Pokémon Soleil et Pokémon Lune sur Nintendo 3DS confirme une volonté de façonner la marque Pokémon autrement. Ou de réussir le pari à séduire plusieurs générations d’utilisateurs. Une transition menée à petits pas par des révolutions discrètes s’observe. Hors des consoles de salon et des traditionnels supports portables, Pokémon GO obtient une place reine. Malgré une fédération impressionnante acquise avec une rapidité folle loin d’être le résultat d’une campagne massive de publicité, Pokémon GO apparaît probablement comme l’un des jeux les moins complexes en termes de codes ou de développement. Mode éphémère pour de nombreux utilisateurs, Pokémon GO pourrait être une étude de cas passionnante. Nostalgie, émotions, gratuité dans un premier temps puis attachement dans un second instant, la simplicité dit quelque chose du plaisir de jouer et de manier ou non une franchise. En conséquence, la particule « GO » a alimenté plusieurs envieux (Deus Ex GO et Lara Croft GO, tous deux parus en août 2016) sans parvenir à une réussite si significative.