Images de mode, novembre 1935

Publié le 20 novembre 2016 par Cameline
Tailleur en velours de creed porté avec une toque en breitschwanz de Rose Descat et manchon assorti de Revillon (photographie Horst). J'ai choisi aujourd'hui pour vous des extraits un article de Vogue du mois de novembre 1935 présentant par une série d'illustrations toutes les grandes tendances de la mode de l'époque.

L'auteur commence par quelques réflexions sur la mode et l'application qu'en font les femmes qui la portent, faisant un parallèle amusant avec les sciences.

" Il y a la science pure et la science appliquée. Il y a de même la mode pure et la mode appliquée. La mode pure est une agréable abstraction proposée par les couturiers au jour des premières présentations. Les chroniqueuses de mode s'efforcent aussitôt d'en construire l'équation et de la réduire en théorème pour l'avenir.

" La mode appliquée, c'est votre choix, Madame. Vous laissez la science pure - c'est-à-dire la mode - au silence des chercheurs dans les laboratoires - c'est-à-dire les ateliers. Ce qui vous intéresse, c'est ce qui vous va, c'est ce qui vous exprimera, vous, au mieux, dans telle occasion donnée. Sitôt la rentrée, vous venez faire votre choix chez votre ou vos couturiers favoris. Votre commande, c'est une collaboration, parce que la sélection de votre goût élimine, discrimine, néglige ou porte aux nues, telle ou telle des créations offertes. Le créateur proposait, vous disposez.

" La mode portée, la mode vivante se dessine alors. Certaines tentatives tombent, des étrangetés s'adoucissent, d'autres au contraires sont adoptées, surprennent, puis deviennent, sous le parrainage du prestige et du goût, l'élément même de la mode. Il n'y a donc pas qu'un tri, il y a entente, il y a encouragement à poursuivre une direction parfois seulement ébauchée. "

" On prouve le mouvement en marchant et la mode en la portant. Quand vous la portez, un goût inné vous fait choisir le juste accessoire, l'exacte couleur des gants et le chapeau qui fait une toilette. "

Demi-chapeau Rebours. D'une ligne très élégante, cette toque en velours noir est en forme de visière surmontée d'un drapé en hauteur. Gilet en velours, plat devant et bordé de chaque côté d'un volant très fourni. Bracelet en or de Boucheron (photographie Horst).

ENSEMBLES DE SPORT : "variés, gais et confortables"

" Pour les costumes de sport, chaque femme choisit sa tenue en combinant le confort pratique et la fantaisie. "

Ensemble de sport en jersey gauffré marron. Jaquette trois-quart.

Un autre modèle de Lanvin, plus doux. Le devant et les poches sont bordés d'astrakan noir dans une ligne sinueuse.

LES ELEGANCES DE L'APRES-MIDI

" Elles seront très habillées l'après-midi, nos élégantes, mais elles le seront avec une grande diversité. Telle préfère par-dessus tout la sobriété des lignes et des matières, laissant au contraste des tissus le soin de la défendre de la monotonie. Par contre, telle ose d'être élégante avec certain fracas de somptuosité. "

LES PETITS ET GRANDS SOIRS

" Les robes qui se portent entre la nuit et le jour, ces robes pour le cinéma et les cocktails sont longues, jusqu'aux pieds et comportent des manches. "

" Petits soirs et dîners permettent à l'originalité de s'exprimer, l'heure ni la tenue n'étant cérémonieuses. "

" D'autres robes de dîner hésitent entre le froncé et le drapé ou plutôt obtiennent des effets de drapé par des fronces joliment disposées. "

BELLES LIGNES, BEAUX TISSUS

" Le manteau du soir est d'une grande importance et chaque fois fort caractéristique des tendances de la mode. Pour protéger la robe fragilement drapée, pour la dérober au froid et aux regards, ils doit l'envelopper parfaitement.

" Cette allure défensive est partout fort frappante : des manteaux sont taillés dans du drap d'officier, matière d'une solidité incomparable ; des capes tombent, en tissu ou en fourrure sans aucun ornement qui accrocherait l'oeil ou couperait la ligne. "

"Cet hiver, le plus souvent, il tombe aux pieds, qu'il soit cape ou manteau vrai. Mais le manteau plus court a aussi son utilité, surtout pour couvrir une robe de petit soir. "

" Quand on choisit une grande robe, la ligne du décolleté est un des points les plus importants, pour mettre en valeur avec une emphase dramatique la beauté du visage. Voici trois robes, et surtout trois décolletés :

Robe de Jodelle en velours noir à grandes manches serrées au poignet. Le décolleté est adouci par un drapé de faille verte rayée.

CHAPEAUX

" Les nouveaux chapeaux ! Ils ont beau paraître extraordinaires à des yeux déshabitués de Paris, ils ont été reçus, les plus fous, les plus extravagants, par des cris d'admiration. Ils haussent la tête, comme il convient à son importance, de plumets ou de nœuds, ou laissent la chevelure, tout à coup libre derrière, défier le ciel."

Bonnet Maria Guy aigu en surah blanc qui montre très haut, serré par un nœud de velours rubis foncé. Bonnet Maria Guy de caracul noir dégageant le front, la voilette tombe droit devant sur le visage. Pour accompagner ce chapeau Talbot minuscule de feutre, les cheveux sont enserrés d'une fine résille, également de feutre noir, et le visage est caché sous une voilette faite des mêmes légers fils. Talbot. Béret Renaissance, à la visière très large, projetant sur l'oeil. Rose Descat. Effet de visière carrée.

Chapeau à bord Rose Descat, relevé d'un côté. Tout le tour est martelé et gaufré comme par les empreintes digitales d'un potier sur l'argile.

Petit bonnet Rose Descat de breitschwanz noir bordé d'antilope, qu'une voilette un peu raide agrémente de deux coques (photographie Pottier).

Source : Vogue Paris, novembre 1935 via Gallica