[Critique] LA FILATURE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : Skiptrace

Note:
Origines : Chine/États-Unis
Réalisateur : Renny Harlin
Distribution : Jackie Chan, Johnny Knoxville, Bingbing Fan, Eric Tsang, Eve Torres, Winston Chao…
Genre : Action/Aventure/Comédie
Date de sortie : 17 novembre 2016 (Netflix)

Le Pitch :
Un policier hongkongais se voit forcé de faire équipe avec un arnaqueur américain pour arrêter le criminel qui a tué son partenaire…

La Critique de La Filature :

D’un côté, Jackie Chan, la superstar du cinéma d’action. Un acteur prêt à tout, qui s’est cassé à peu près 10 fois tous les os que comprend le corps humain dans le seul but d’effectuer la cascade parfaite. Un spécialiste des arts-martiaux. Un maître.
De l’autre côté, Johnny Knoxville, le leader de Jackass, l’émission culte de MTV où des mecs s’autoflagellaient en se lançant des défis aussi débiles qu’hilarants. Knoxville qui s’est depuis l’arrêt du show, reconverti en acteur comique. Second couteau de luxe, on a pu le voir aux côtés d’Arnold Schwarzenegger dans Le Dernier Rempart, mais aussi à l’affiche de Tolérance Zéo avec Dwayne Johnson.
Chan et Knoxville qui jouent deux gars que tout oppose, pourtant obligés de faire équipe pour sauver la fille et arrêter le méchant. Vous avez l’impression d’avoir déjà vu ce film ? C’est normal…

Renny Harlin : ex-star des 80’s

On retrouve aux commandes de Skiptrace (La Filature en français) un certain Renny Harlin. Un cinéaste finlandais qui n’en finit plus de revenir, tentant tant bien que mal de renouer avec le succès qu fut le sien au début des glorieuses années 90. On lui doit notamment 58 minutes pour vivre (Die Hard 2), Cliffhanger, Au revoir à jamais ou encore Peur Bleue et L’île aux Pirates, qui précipita d’ailleurs sa chute en même temps qu’il signait l’arrêt de mort du studio Carolco.
Un artiste un tantinet bourrin, qui conserve néanmoins un important capital sympathie, ne serait-ce que pour sa propension à ne jamais vraiment tourner autour du pot, quitte à en faire des caisses, dans un bon esprit permanent et une absence totale de cynisme.
Cela dit, Harlin a aujourd’hui les mains liées et doit composer avec les contraintes qui vont de pair avec le statut qu’il se trimbale depuis plusieurs années, à savoir celui de réalisateur de série B destinées à sortir directement en vidéo. Même si son avant dernier film, La Légende d’Hercule a eu les honneurs des multiplexes.
Avec La Filature, Renny Harlin s’en tient donc au cahier des charges du buddy movie. Le genre qu’on voyait beaucoup dans les années 80 et 90. Sans même sembler chercher à lui apporter une once d’originalité, il se concentre plutôt sur les acrobaties de Jackie Chan, en tentant visiblement de les mettre en valeur. Et il y parvient avec une certaine classe. En même temps, tant mieux, car c’est bien la seule chose vraiment enthousiasmante qu’a à offrir ce long-métrage très dispensable.

Jackie Chan ne lâche rien

Pour sa part, Jackie Chan, avec la bonne humeur qui est la sienne, rejoue la partition de Rush Hour en devant ce coup-ci composer avec Johnny Knoxville. Knoxville qui lui aussi fait exactement ce qu’on attend de lui. Leur duo fonctionne. Sans plus.
On s’amuse devant les cascades, plus modestes qu’avant mais toujours spectaculaires (Jackie Chan a 62 ans, il faut le rappeler et saluer en cela son implication physique), et on est heureux de profiter, pendant le générique de fin, du traditionnel bêtisier, qui nous permet en outre de vérifier qu’encore une fois, Chan n’a fait appel à aucun cascadeur. Ce mec est décidément incroyable.
Le soucis, c’est qu’au fond, ces 5 minutes de bêtisier sont plus distrayantes que les 100 minutes qui ont précédé.

Des clichés par milliers

Difficile d’adhérer à cette histoire vue et revue, qui ne gagne donc ses galons que lorsqu’elle laisse place à l’action ou quand elle nous propose des paysages dépaysants. Sinon, tout est relativement inintéressant. Si on fait exception des deux héros, tous les autres personnages n’ont aucune épaisseur. Le méchant est anecdotique, et les enjeux sont aux abonnés absents. Et puis c’est trop long, trop répétitif et très prévisible. Deux ou trois gags arrivent bien à nous arracher un sourire, mais pas plus. À tel point qu’il est tentant d’appuyer sur avance rapide pour ne regarder uniquement que les bastons de Jackie Chan.

En Bref…
La Filature ne vaut que pour les prouesses physiques de Jackie Chan et les quelques vannes que balance le duo qu’il forme avec Johnny Knoxville. Derrière la caméra, Renny Harlin fait ce qu’il peut mais est relativement impuissant face à un scénario mal écrit et indigent, qui enfile les clichés comme des perles. Souffrant d’une rythmique hyper aléatoire, La Filature s’enfonce donc très vite dans les tréfonds d’une banalité qui à son tour appelle un cruel ennui. On en viendrait presque à avoir envie de revoir les Rush Hour… Presque.

@ Gilles Rolland

  Crédits photos : Netflix