Rocknfool et Cyril Mokaiesh c'est une longue histoire d'amour. C'était une longue histoire d'amour. Hier soir pour son retour à la Boule noire, quelque chose s'est rompu. Le lien invisible qui nous rattachait à cet artiste exalté, ce formidable interprète s'est érodé plus les minutes défilaient, pour atteindre le point de non-retour, une heure plus tard. Pourtant, je me souviens de mes années de lycée où " J'écris " de Mokaiesh (pas encore Cyril) tournait en boucle sur mon mp3. Et cette fierté que je ressentais à écouter un artiste loin de ceux que mes camarades pouvaient alors écouter. Des années définitivement révolues.
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En le regardant s'agiter sur la scène, je me remémore son concert au Nouveau Casino en 2011 où il défendait Du Rouge et des Passions, ou encore l'apaisement que m'avait procuré son concert avec Giovanni Mirabassi pour Les Naufragés au Fnac Live quelques années après. Je ne le sens plus aussi sincèrement habité par la musique qu'il défend.
Setlist : La Loi du marché / Je fais comme si / Houleux / Mon époque / Novembre à Paris / Ostende / Blanc cassé / Du rouge et des passions / Des jours inouis / Communiste / Buenos Aires / Va savoir / Ici en france / Seul / Clôture / Rappel : 32, rue buffaut / Jeu de la vie / La Loi du marchéJ'ai la cruelle impression que cet artiste plein de convictions et d'engagements solidaires n'a pas réussi à sortir de sa formule " Communiste " à succès, de l'artiste engagé/enragé. Tout cela m'est obsolète. Même ses paroles ont perdu de leur véracité et de leur profondeur. " Clôture " me fait penser à du Fauve, " Novembre à Paris " sonne opportuniste. La diction de Cyril me fait trop penser à Etienne Daho. Je ne parviens à rentrer dans l'ambiance, malgré quelques jolis moments : quand il interpète en acoustique un morceau pour sa famille, ou quand le public ravis joint sa voix sur " Des jours inouïs ". Oui mais, ce n'est pas suffisant. Je suis passée complètement à côté et j'en suis réellement navrée.
Texte : Emma Shindo | Photos : Sabine Bouchoul