La chronique culturelle de Colette: Mort d'un grand interprète hongrois

Publié le 17 novembre 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Il est décédé dimanche 6 novembre 2016 à Budapest. En septembre 2012, il avait subi une grave opération cardiaque et depuis, son état ne s'était vraiment pas amélioré. Au point qu'il avait dû, sur le conseil de ses médecins, annuler quelques concerts en octobre dernier. Zoltán Kocsis était très connu pour son interprétation magistrale de l’œuvre pour piano de son compatriote Béla Bartók et il avait enregistré une intégrale dans les années 1990 chez Philips. Pour Zoltán Balog. ministre hongrois des Ressources humaines, "L'un des meilleurs pianistes et chefs d'orchestre nous a quittés". "Kocsis était un géant de la musique", a déclaré le chef hongrois Ivan Fischer, qui avait fondé, avec lui l'Orchestre national du festival de Budapest en 1983. Il ajoute "Il était l'un des rares génies... son influence sur sa génération est immense". 

Zoltán Kocsis qui était né le 30 mai 1952 à Budapest, avait commencé le piano à 5 ans. A 11 ans, il étudie le piano et la composition au Conservatoire Béla Bartók avant d'entrer en 1968 à l’Académie Franz Liszt, où il reçoit notamment l’enseignement du pianiste et compositeur György Kurtág. En 1970, il remporte le Concours Beethoven de la radio hongroise, ce sera le début de sa carrière internationale. En 1973, le prix Liszt lui est remis, il en est le plus jeune titulaire. En 1978, à l'âge de 25 ans, il obtient le prix Kossuth, la plus haute récompense hongroise décernée aux artistes. Elle lui fut de nouveau attribuée en 2005. Il joue à travers l’Europe, aux États-Unis, au Japon, en Extrême-Orient et en Australie. De nombreux festivals l'invitent, Salzbourg, Edimbourg et Lucerne. On l'a souvent entendu en France où il était très apprécié, particulièrement aux festivals d'été de La Roque d’Anthéron, Menton, Saint-Riquier et Auvers-sur-Oise. Il est accompagné par de célèbres orchestres sous la direction de chefs qui ne le sont pas moins, Claudio Abbado, Herbert Blomstedt, Christoph von Dohnányi, Charles Dutoit, Valery Gergiev, Sir Georg Solti, Michael Tilson Thomas ou Edo de Waart entre autres. En 1997, Zoltán Kocsis prend la direction artistique de l’ancien Orchestre symphonique de l’État hongrois, devenu Orchestre philharmonique national hongrois. Et comme si toutes ces tâches ne l'absorbaient pas suffisamment, le musicien est également compositeur, on lui doit le poème symphonique Tchernobyl. Mais il est aussi musicologue, critique musical et pédagogue. A partir de 1976, il enseigne à l’Académie Franz Liszt de Budapest et donne des cours d’interprétation à Szombathely, à l'ouest de la Hongrie. Par ailleurs, il a réalisé quelque 140 orchestrations et transcriptions pour piano des œuvres de Bach, Haydn, Johan Strauss, Wagner, Dvorak, Debussy, Ravel, Rachmaninov, Enescu, Bartok et Zoltán Kodály. Il a fait créer les Gurre-Lieder d'Arnold Schönberg par l’Orchestre national philharmonique de Hongrie. Grâce à lui, le Pelléas et Mélisande de Claude Debussy est revenu sur la scène hongroise après plus de quatre décennies d’oubli.

Celui qui se considérait "parfois comme un prêtre, parfois comme un ouvrier" laissera le souvenir d'un immense musicien charismatique, aussi à son aise dans le répertoire classique que dans le domaine de la musique contemporaine comme il l'a prouvé à la tête du Studio de musique nouvelle de Budapest.