Maintenant, j'en viens à un livre que je vous recommande vivement "Vers le KM 2.0 : quel management des connaissances imaginer pour faire face aux défis du futur".
Les auteurs le présentaient hier soir à la Maison des Centraliens et je l'ai tout simplement "dévoré" ce matin.
Je commence par le résumé proposé par Aurélie Dudezert (coordinatrice de l'ouvrage) sur son blog MACIS (Management des Connaissances et des Systèmes d'informations) pour poser le cadre et ensuite je vous donne toutes les bonnes raisons de vous procurer cet ouvrage :
"Cet ouvrage coordonné par Aurélie Dudezert et Imed Boughzala met l'accent sur les nouvelles tendances du management des connaissances et son évolution dans la mouvance du Web 2.0 et des transformations organisationnelles et managériales de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain. Il reflète les avis et travaux de chercheurs et profesionnels d'entreprise, qui sont, pour la plupart reconnus comme des acteurs dynamiques en France dans le domaine du KM. Son contenu correspond de ce fait aux grandes préoccupations des entreprises qui s'engagent dans le KM à l'avenir.Il rassemble les échanges nés d'un travail en commun mené au mois d’Avril 2007 dans le cadre d'un Workshop sur le sujet autour de trois grandes parties :
- KM et Collaboration : Quels apports de l’ingénierie de la collaboration, des communautés de pratique, du travail virtuel, des nouveaux modes de collaboration libre (Weblogs, Wikies, etc.) et du Web 2.0 pour le KM ?
- KM et relations inter-organisationnelles : Quels apports du KM à l’heure de l’entreprise- réseau ?
- KM et Competitive Strategy : Quel KM imaginer pour faire face aux évolutions de l’environnement économique et social ?"
- La conception du livre :
Il a été co-écrit par des chercheurs (notamment Centraliens, voir liste détaillée sur site lié) et des acteurs industriels (Total, Radio France, Ernst & Young etc...).
Cette alternance d'éclairages rend la lecture dynamique et passionnante grâce aux liens permanents entre analyses théoriques et applications pratiques.
De plus, vous ne serez pas "rebutés" par les parties d'apports théoriques car elles sont écrites dans un style clair, synthétique, même s'il faudra vous habituer aux multiples acronymes qui ponctuent l'ouvrage (mais aussi l'univers du KM!). - Le contenu :
La conception-même du livre oriente le contenu et la vision portée par les auteurs révèle toute la nouvelle dimension stratégique et manageuriale de la gestion des connaissances collaboratives (par opposition à l'approche précédente, plus linéaire, de "gestion collaborative des connaissances"), dynamique, organique (prise en compte du KM comme écosystème) et opérationnelle.
A ne pas rater :
- Comment Wal-Wart a adopté la théorie militaire C4ISR à sa chaîne logistique pour en faire un réel avantage compétitif,
- Mais aussi le système de compagnonnage mis en place chez Radio France pour les métiers du son afin de transférer et capitaliser les connaissances,
- Ou encore les premiers jalons d'évaluation de connaissances produites dans le cas du centre Mir Cen, centre de recherche intégré en imagerie médicale préclinique du CEA. - La portée :
Si l'ouvrage n'apporte pas de méthodologie d'application en tant que tel, il provoque un réél "éveil" : à l'environnement KM, au sens que doivent créer les flux d'informations" et à la vraie dimension managériale de celui-ci.
De plus, il pose des questions auxquelles les entreprises devront rapidement répondre comme "A qui revient la responsabilité juridique dans le cas d'une mauvaise exploitation de ces connaissances ? Quels droits de propriété de l'information partagée et capitalisée etc...?"
A l'heure où la supériorité informationnelle s'impose comme l'Outil compétitif par excellence, l'ouvrage KM 2.0 rappelle que les facteurs-clés de succès ne relèvent pas tant de la quantité des données collectées mais du défi posé par la nouvelle posture obligée "d'entreprise apprenante" et de l'accompagnement RH nécessaire pour créer les conditions d'adoption de nouvelles pratiques.
La partie dédiée à l'innovation stricto sensu m'a semblé vraiment trop restreinte.
En effet, alors que les auteurs proposent, en préambule du livre, la définition de l'innovation suivante : "désormais la valeur ajoutée de l'innovation d'un produit ou d'un service est essentiellement fondée sur l'information et les connaissances mobilisées dans sa conception", le passage traitant du KM 2.0 et de l'innovation se concentre sur le département R&D exclusivement et pas du tout sur l'émergence de la co-innovation inter-organisationnelle (ou très rapidement avec la présentation du C-KM).
Or de nombreuses pratiques déjà bien installées dans le paysage de l'innovation auraient mérité d'être intégrées car elles s'inscrivent complètement dans le concept de IKM (Knowledge Mangement Interorganisationnel, préalablement développé dans l'ouvrage) : plates-formes collaboratives, co-développement des nouveaux produits et services, place de marchés d'idées, pôles de compétitivité etc...
Ce chapître aurait été l'occasion de refaire un lien global justement entre management de l'innovation et gestion informationnelle au sens large.
Le KM 2.0 ouvre la voie de nouvelles organisations collectives informationnelles pour plus de compétitivité et de performance. Il induira, de fait, de nouvelles pratiques sociales telles que des salariés rémunérés pour leur capacité à partager l'information, au-delà de leur fonction-métier.
Tout cela ne vous rappelle rien ce collectivisme ? Changement d'ère oblige, ce ne sont plus les terres qui sont mises en partage mais l'information, avec toutes les limites que l'on peut déjà imaginer et qu'il faudra surmonter !
En attendant les prochaines étapes, lisez le préambule !