Tentant de vous ouvrir une nouvelle dimension musicale mentale.
Le titre de la chronique est inspiré de 4 albums qui font parti de mon ADN:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
J'y connais toute les notes, toutes les nuances, ceci est mon sang, livré pour vous disaient de célèbres écrivains de Jérusalem.
B.I.B.I. c'est Bibi, c'est-à-dire moi. C'est aussi la terminaison de "habibi" qui veut dire en dialecte irakien "je t'aime".
Musique, je t'aime.
Particulièrement celle-là.
1981.
J'ai 9 ans. Je serais parfaitement menteur de vous dire que j'ai découvert le band et la musique dès mes 9 ans, mais je sais que pas plus tard que 3 ans plus tard, je dévorais chaque note du disque.
J'ai fait mon éducation musicale en empruntant les vinyles, chaque samedi, chez un voisin d'en face, dont le père était complètement mordu de musique populaire. Il achetait tout. En empruntant cet album dont la couverture me semblait sans originalité, j'y trouverais, au contraire, un son qui me plairait tant qu'il me suivrait toute ma vie.
De la musique qui, de toute évidence, n'avait aucune intention de se faire jouer à la radio. Fabuleusement subversif dans ces années plastiques. Un son guidé par une basse formidable et créative. Une batterie simple et pesante. Une voix inasumée, presque timide et une guitare modeste au son mécanique, presqu'industriel. Un clavier glauque.
Un band de nuit pour un insomniaque.
Un band underground pour un ado couchant seul au sous-sol.
Un band pour moi.
Joy Division est mort. Ian Curtis s'est enlevé la vie, inutile de continuer sous ce nom de groupe. Sumner (guitare et voix), Hook (basse), Morris (batterie) et sa blonde, maintenant officiellement dans le groupe(claviers & guitare) Gillian Gilbert choisissent de continuer leur aventure musicale. La barre est extrêmement haute. Deux morceaux ont été écrits avec Ian Curtis avant qu'il ne se pende et seront rajoutés sur une copie rehaussée en 2008. On veut continuer avec le son travaillé sur les deux premiers albums et demi de Joy Division, mais ce sera mal reçu par la critique.
Trop laboratoire pour les spécialistes.*
Fameux pour moi. Encore aujourd'hui.
Commence une grande aventure pour un band caméleon.
MOVEMENT de NEW ORDER
Dès les premiers accords de la première chanson, je retombe en enfance. Le titre me rappelle aussi des aspirations et pensées adolescentes. À la première minute, je suis carrément dans mes années 80 dorées. Arrive ensuite la voix de Peter Hook. sous-enregistrée, et mon fils ne tarde pas à me dire "C'est une chanson de ton temps, je le sais parce qu'on entend pas la voix". Ce à quoi je réponds toujours, "c'était une époque de musiciens, où les instruments comptaient encore". J'adore. Hook ne chantera que très peu pour le groupe, mais comme il a la voix la plus près de celle de Curtis, il assure un passage du témoin vocal idéal pour cet album de transition. Sur celle-là, il est parfaitement sombre.
Gillian Gilbert fait son introduction sur la chanson suivante. Sumner aux voix aussi. La première avec une guitare primitivement agressive appuyant une ritournelle hantée jouée par son chum, Morris aux claviers. Sumner nous parle d'isolement et de solitude. Sombre et formidable.
Senses offre des sons tout ce qu'il y avait de plus étranges pour l'époque. Morris a une batterie qui roule sur de longs moments. Les claviers évoque un trombone continue et occupe la trame sonore déchirée par la guitare de Sumner et appuyée par la basse de Hook, multiforme. Une chanson qui fait défitivement appel à tous mes sens. La finale en crescendo me donne toujours des frissons.
La chanson suivante aurait à mon avis dû être la première du disque. D'ailleurs, en spectacle, on la jouait en premier pour allumer le public. De loin la plus dynamique de l'album, elle évoque déjà les longs mouvements de danse que New Order développera dans les années à venir. Les sons créés par Gilbert aux claviers suggèrent des tirs de fusils noyés dans des bulles spatiales.
ICB (ou Ian Curtis Buried) commence avec la basse de Hook et est un premier hommage à leur ami disparu Ian Curtis. Les sons de claviers fous derrière, qui s'éteignent peu à peu, plus la chanson progresse, sont un sonore hommage au son passé de Joy Division. I washed my hands of innocence.
New Order passera à autre chose.
The Him est une évocation plus vague, mais confirmée par le band, de leur ami départi, Curtis. Hook ouvre encore à la basse et Morris tam tam peu de temps après. Sombre et lanscinant. Reborn so plain my eyes see. Nouveau départ pour ses gens dans la vingtaine de Manchester.
Pour le morceau suivant, Morris compose le texte, Gilbert y fait entendre sa voix pour la première (et rare) fois en y lisant des passages de la bible et Peter Hook y chante (ce sera plus que rare dans le futur aussi). Les membres du groupe auront tous de la difficulté au début à se remémorer les titres de leurs chanson, ayant choisi de les changer en entier quelques jours avant la sortie du premier album. Leur donnant des titres jamais prononcés dans les paroles. Ce qui deviendra une tradition répétée dans ce band.
L'album clotûre sur un jam fort intéressant. Une sorte de rage contenue, où les claviers tombent comme une pluie dans un sourd orage. On sent une hargne sur le destin qui a frappé le groupe et à la fois une sorte de bravoure face au futur.
Un futur qui me plaira tout autant, se métamorphosant avec moi jusqu'à nos jours.
Pour amateurs de Joy Division, Post-punk, de rock industriel, college rock, danse alternative, musique à la basse dominante, synth pop sombre et mélancolique tapisseries sonores.
*ceux-ci changeront d'avis avec le temps