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En envoyant son manuscrit chez Gallimard, Séraphine Ancélécot n’imaginait pas un seul instant toucher le Graal.
Et pourtant ! Là voilà publiée par la prestigieuse maison d’édition pour une œuvre épique et romanesque qui passe au vitriol les mœurs et coutumes de certains hommes politiques.
Pigmenté de phrases courtes au style incisif et sans concession, le roman nous promène dans les méandres du pouvoir.
L’histoire, nullement autobiographique comme tient à le souligner l’auteure, nous transporte au plus profond de la Normandie, à proximité d’Yonville. Une quinquagénaire, du nom d’Emma, rêve de monter à Paris pour réussir.
Elle commence par poser nue pour les besoins d’une cause picturale qu’elle partage avec un peintre besogneux de Montmartre. Ils deviennent amants mais, pour des raisons obscures, le virtuose de la gouache se fait radicaliser par un mouvement d’extrémistes verts et termine son parcours professionnel dans l’Ardèche, en compagnie de moutons atrabilaires !
La jeune femme se remet de la peine et une certaine résilience la conduit à fréquenter la rue St Denis. C’est une véritable reconversion sans le moindre appui de Pôle Emploi. Au fil de ses pérégrinations péripatéticiennes, elle fait la rencontre d’un homme fortement ancré dans le sérail politique. Il lui propose des parties fines dans un hôtel réputé.
Emma trouve là une source de financement incomparable. Mais bien vite elle déchante lorsque les premiers coups assénés altèrent son joli visage fardé. L’homme boit plus que de raison et l’alcool le rend un tantinet agressif.
Emma fuit les griffes du souteneur qui lance à sa poursuite un aréopage de tueurs à gages intégralement payés par l’IRFM (Indemnité Représentative de Frais de Mandat).
La fugitive se réfugie dans les bras d’un ancien copain de son fils (dont elle n’a plus de nouvelles). C’est un homme jeune, dynamique, qui se dit ni de droite ni de gauche sans pour autant être palois.
Le nouveau protecteur ambitionne de grimper les marches qui mènent à l’Elysée. Emma et lui se lanceront dans une campagne d’enfer, émaillée de promesses fallacieuses et de coups de canifs qui mèneront les anciens persécuteurs devant la cour d’assises.
Je ne vous raconte pas la fin, qui est totalement imprévisible, et vous laisse le soin de la savourer vous-même.
Séraphine Ansélécot, excitée comme une puce par le succès de ce premier roman, s’apprêterait à écrire une seconde œuvre dont elle n’a pour l’instant que le titre en tête : « Berthe rend de l’âne aux haies », une œuvre écologique qui s’appuie sur des expériences de réimplantations de mulets dans le bocage normand. Et oui, encore la Normandie !
A suivre…