Le mardi à 21 h 30 jusqu’au 27 décembre
Ecrit et mis en scène par Guillaume Bats et Jérémy Ferrari
Présentation : Venez voir Guillaume Bats pour :- Ne plus avoir peur de lui- Perdre vos idées reçues sur le handicap- Découvrir quelques techniques pour choper des nanas en leur faisant pitié- Avoir honte de rire avec luiGuillaume Bats est touchant, irrévérencieux, explosif et repousse vos limites et celles de l’humour…
Mon avis : Au bout d’un quart d’heure de spectacle, je ne voyais plus sur scène un handicapé mais un humoriste accompli !Ne tombant jamais dans le pathos, au contraire, Guillaume Bats porte l’autodérision à son plus haut niveau. Son seul en scène est un véritable hymne à la vie, une formidable leçon de courage. Mais c’est aussi un grand moment de rires partagés car le jeune homme est une machine à vannes à haut rendement. Ça n’arrête pas une seconde ! Dans cela, dans ce rythme soutenu, dans ce ton à la fois désinvolte et terriblement acide, on reconnaît la patte de Jérémy Ferrari. Leur association est d’une redoutable efficacité.
Dès son entrée en scène, Guillaume ne se cache pas derrière son petit doigt. Il nous dit, ne nous épargne rien. Avec le cynisme d’un bouilleur de cru se réjouissant à l’avance des cirrhoses qu’il va provoquer, il nous distille un humour noir particulièrement corsé. L’œil rigolard, le sourire (forcément) en coin, il nous raconte sa vie de handicapé en l’émaillant d’anecdotes et de digressions savoureuses. Il n’élude rien : son enfance, l’abandon, les familles d’accueil, ses études, la recherche d’emploi, les cours de théâtre, la drague, la sexualité, la religion, l’homophobie, le mariage pour tous, les dommages collatéraux des attentats… La seule fois où il semble se laisser aller à un peu d’émotion, il ponctue ce moment d’une pirouette dévastatrice. C’est plus fort que lui, il ne veut pas que l’on s’apitoie sur son sort.
Sa façon de nous décrire les situations, le plus souvent navrantes, cruelles ou révoltantes, que son handicap a engendrées, déclenche paradoxalement chez nous un rire libérateur qui nous désinhibe et efface le sentiment de gêne que l’on pourrait éprouver. Plus il nous secoue, plus il nous nargue, plus il nous provoque, et plus on rit. Excellent comédien, il installe entre son public et lui une aimable connivence ; une passerelle sur laquelle l’amour circule dans les deux sens. Il se nourrit visiblement de cette affection, de nos rires et de nos bravos pour consolider son fragile squelette de verre. C’est son réconfort, sa récompense, son collagène…
Gilbert « Critikator » Jouin