Projet pour une presse libre: rencontre avec Pierre Rimbert

Publié le 16 novembre 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) En 2013, la rédaction avait dénoncé le financement public de la presse, qu’elle considérait comme inégalement réparti. Un magazine de divertissement comme Closer, recevait par exemple une aide publique trois fois supérieure à celle du Monde Diplomatique. Ces subventions étatiques, supposées "soutenir les publications concourant au débat public", n'étaient pas orientées en faveur du journal.

Le Monde Diplomatique se considère comme "encourageant les résistances ", et désir contribuer à "une transformation de notre environnement politique, en créant une conscience citoyenne", ce qui à l’évidence ne plaisait pas à tout le monde. En 2015, la ministre de la Culture Fleur Pellerin s’était chargée du dossier afin d’abaisser les subventions publiques aux magazines "récréatifs", comme Closer. "Bataille gagnée " se félicite la rédaction du Monde Diplomatique.

Mais Pierre Rimbert souhaite pousser plus loin la réflexion autour du financement des médias. Deux conflits d’intérêt peuvent mettre à mal le devoir d’informer de la presse: le pouvoir économique et politique. D’une part la presse, devenue un immense marché financier contrôlé par un nombre minime d’actionnaires, voit son indépendance, sa pluralité et sa liberté diminuées, quand le traitement de l’information entre en conflit avec des enjeux économiques. Nicolas de Tavernost, propriétaire d’M6, l'assumait très ouvertement en juin 2015 quand il affirme: "Je ne peux pas supporter qu’on dise du mal de nos clients", au sujet de la censure sur sa chaîne d'un documentaire sur la téléphonie.

D’autre part, l’État, compétent en matière de répartition de l’argent public, a de facto la capacité d’orienter et de hiérarchiser la valeur de l’information, par le biais de l’aide publique à la presse.
Face à ce constat, Pierre Rimbert propose une réforme structurelle en distinguant la presse "d’intérêt général", de celle de "divertissement" sur la base de trois critères: la non lucrativité, la non-concentration de plusieurs médias aux mains d’un seul actionnaire, et l’absence de publicité.

Ce projet propose ainsi de supprimer les subventions de l’État, structurellement biaisées, au profit d’une cotisation citoyenne, destinée seulement à la "presse d’intérêt général". Ce financement garantirait une certaine neutralité, n’étant ni public (l’État), ni privé (les actionnaires).

Le journal propose également de centraliser les différents services de la presse. Une mutualisation permettrait d’éviter la suppression d’emplois périphériques au métier de journaliste, pourtant nécessaire à la diffusion d’informations justes et éclairées. Ses services sont en effet chargés de vérifier l’authenticité et la fiabilité des faits, ou encore le respect de la déontologie journaliste.

Mais bénéficiant difficilement d’appuis réels, ce projet ambitieux pour une presse libre a été rejeté par l’Assemblée Nationale. Pierre Rimbert appelle donc à une prise de conscience citoyenne en considérant à juste titre que l’indépendance du quatrième pouvoir constitue un contre poids nécessaire à l’exercice du fait démocratique.