Magazine Culture
Le livre :
Un corps parfait d'Eve Ensler aux éditions Denoël, collection Denoël & D'Ailleurs, 134 pages, 12 € 15. Publié le 10 mai 2007
Pourquoi cette lecture :
C'est une trouvaille en médiathèque que j'ai fait en traînant dans les rayonnages comme cela m'arrive de temps en temps car j'adore ces lieux autant que les librairies.
Le pitch :
Ici un nez refait, là une cure de Botox, ailleurs un régime sans fin : partout les femmes demeurent soumises à cette implacable loi de la beauté, partout les canons établis les poussent à se mutiler, à endurer des privations, à mettre leur vie en danger. Parfois, et même souvent, de leur propre gré... Après avoir su briser avec humour les derniers tabous concernant la sexualité féminine dans les désormais célèbres Monologues du vagin, Eve Ensler se penche avec la détermination et la drôlerie qu'on lui connaît sur la tyrannie du corps parfait. Elle retrace le parcours de femmes d'horizons bien différents : la directrice d'un magazine féminin new-yorkais, une quinqua indienne sans complexes, une beurette boulimique. Toutes racontent leur aliénation, les diktats de l'apparence, leur soif de résistance ou au contraire leur abdication face aux exigences de la culture qui les a vues grandir. Entre deux récits, comme un fil conducteur, l'auteur invective savoureusement son ventre - qu'elle trouve toujours trop gras - et dénonce avec une franchise décapante la violence faite aux femmes.
Ce que j'en pense :
Je suis tellement loin d'avoir le physique parfait de notre époque que je me suis détachée autant qu'il m'a été possible de toute la pression exercée par notre société pour vivre ma vie. Oui le XVIII ème aurait été mieux pour moi ou même une partie du XIX ème siècle, mais qu'importe ! Je ne suis pas la seule... Mais parfois la lecture d'un livre peut ancrer certaines idées qui nous aideront à mieux vivre notre différence (terme un peu fort).
Ce texte est une pièce de théâtre. J'en lis très rarement. Les pièces, j'aime les voir, les entendre, les vivre dans leur écrin, les scènes de théâtre. Les mots prennent vie et des intonations résonnent longtemps en moi. Lire les scènes, c'est très différent. Il faut devenir metteur en scène, diriger les éclairages, créer des décors, éventuellement penser aux bruitages, à une musique de fond. On a bien quelques indications, mais c'est succinct. Et même si dans les romans, on agit souvent de la sorte, lire une pièce, c'est différent comme approche. Cependant quand le texte est fort, on y parvient très bien. La thématique universelle n'y est pas étrangère. On est comme Ève et même si notre parcours est bien différent, on est aussi toutes ces femmes présentes tour à tour. L'écriture est ici prenante. On est interpellé, on aurait presque envie nous aussi de répondre à Ève.
Cela se lit d'une traite, comme un souffle ou plutôt comme en apnée. On reprend un bol d'air après le final. On est alors libéré d'un poids.
Et s'il fallait mettre une note : 14 / 20