Le niveau orthographique s’effondre. La nouveauté, c’est que l’information vient du ministère lui-même. Analyse par Jean-Paul Brighelli.
« Le soir tombait. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés.
– Les gamins se sont certainement perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison.
– Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vus !
Aussitôt dit, aussitôt fait ! À ce moment, le chien se mit à aboyer. »
Telle est la dictée que la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a fait faire en 2015 – quelle audace ! – à un panel d’élèves de CM2. Elle avait déjà fait l’expérience avec le même texte en 1987 et en 2007. Les résultats sont sans appel. Les élèves ont fait en moyenne 17,8 erreurs en 2015, contre 14,3 en 2007 et 10,6 en 1987. Quand on regarde le détail des fautes (la totalité de l’étude est ici), on s’aperçoit que, globalement, ce sont les fautes de syntaxe (accords, conjugaisons, etc.) qui sont en nette augmentation. Ainsi, « tombait » était correctement orthographié par 87,1% des élèves en 1987 – et par 55,8% en 2015. Et « inquiets » n’est plus écrit sans faute que par 25,7% des heureux cobayes.
On applaudit bien fort. 17,8 fautes sur 5 lignes ! Par des élèves qui entrent en sixième à la fin de l’année, et qui ont bien peu de chances d’apprendre d’ici la troisième ce qu’ils n’ont pas appris depuis le CP. Splendide.
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