La tyrannie de la redistribution, de Thierry Afschrift

Publié le 15 novembre 2016 par Francisrichard @francisrichard

Aujourd'hui les individus subissent une tyrannie qui est bien plus grande que celle exercée par les monarques absolus: celle de l'État fort dans sa forme aboutie de l'État-providence. Les hommes politiques, de tous bords, qu'ils soient d'extrême-gauche, de gauche, de droite ou d'extrême-droite, en sont les conservateurs.

Le progrès, face à tous ces conservatismes, serait de remettre en cause cet État devenu obèse. Pour ce faire, Thierry Afschrift, démonte, dans La tyrannie de la redistribution, le processus par lequel tous les individus deviennent ses esclaves, les uns parce qu'imposables à merci, les autres parce qu'assistés à sa merci.

Un peu de sémantique ne fait pas de mal: en fait il n'y a pas de redistribution pour la bonne raison qu'il n'y a pas de distribution initiale, ce qui supposerait l'existence d'un Tout, alors que la propriété ne peut qu'être individuelle et ne peut se constituer qu'à la suite de contrats librement consentis avec d'autres.

Pour redistribuer ou distribuer, l'État ne peut s'approprier que ce qui ne lui appartient pas. Pour se justifier, force lui est donc de prétendre que tout est à tout le monde, que sa tâche est de répartir ce tout, qu'il le fait de manière plus juste (en réalité plus égalitariste) et plus efficace que les échanges libres ne le feraient.

Pour opérer ce pillage, l'État a recours à la loi (contre le droit) et à la contrainte. Pour répartir cette rapine, à des transferts et à des services publics gratuits ou aux prix dérisoires. Bien malin qui peut dire, s'il est gagnant ou perdant dans un tel système, qui bénéficie surtout à l'État, à ses serviteurs et à ses clients multiples.

Les démocraties libérales n'ont plus de libérales que le nom. Les grands partis s'y caractérisent par le culte de l'État fort, tutélaire de presque toutes les activités, toujours plus réglementées. L'État s'approprie en effet la moitié des richesses produites par les individus et les entreprises et dépense encore davantage.

Pour redistribuer, l'État doit tout réglementer, tout contrôler et ignorer le droit à la vie privée. Conséquences: disparition du secret bancaire et, grâce aux nouvelles technologies, contrôles accrus des individus, réduction de la liberté d'expression au politiquement correct, inquisitions de toutes sortes, mise au pilori des récalcitrants etc.

Le pillage légal de l'État est peint aux couleurs de la solidarité, mais c'est une curieuse solidarité, puisqu'elle est contrainte. Pour la légitimer, de nouveaux droits ont été créés tout exprès: à la demande des États communistes de l'époque ils figurent dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948...

Ces droits à quelque chose ne sont pas des droits naturels, comme les droits individuels, civils et politiques (qui sont des droits de faire quelque chose, que l'État doit respecter), ce sont des droits-créances, dont l'État est le débiteur. Pour s'acquitter de sa dette, celui-ci porte atteinte aux droits de propriété par voie d'impôts et de prélèvements obligatoires.

Pour fonder la morale et l'action publique, non sur la reconnaissance des droits, des talents et des mérites, mais sur des besoins et des faiblesses, est invoqué l'intérêt général, substitut profane du bien commun catholique, au nom duquel doivent se sacrifier ceux qui ont le tort de ne pas être les favoris du Pouvoir qui en dicte le contenu...

Se pose alors la légitimité de la loi quand elle est démocratiquement adoptée contre le droit: Est-ce vraiment parce qu'un pouvoir est choisi par une majorité qu'il doit se permettre de redistribuer à sa guise les revenus et les biens de chacun? En toute justice, les droits de chacun ne doivent pas être à la merci d'un vote.

Avec la reconnaissance des droits de l'homme, les individus sont certes protégés contre l'exécutif, mais ils ne le sont pas contre la loi elle-même: Parmi les prérogatives qui exceptionnellement pourraient être attribuées à une autorité, ne devrait pas figurer celle de redistribuer les revenus et les richesses.

Pourquoi ne devrait-elle pas figurer parmi les prérogatives d'une telle autorité? Parce qu'il ne doit pas exister de "moyen politique" de recueillir des revenus, en usant de la contrainte: ce serait exercer la "loi du plus fort", en l'occurrence du nombre, pour spolier des biens acquis sans violence.

Le seul moyen d'échapper à la tyrannie de l'État-providence n'est-il pas de remettre en cause ce système fondé sur la méfiance envers l'homme? Car la vraie solidarité est l'expression d'un des meilleurs usages de la liberté, qui consiste à donner volontairement non seulement l'argent, mais bien d'autres choses, par amour, gratitude ou générosité.

A méditer, pour conclure, ce que disait Thomas Jefferson:

Parfois il est dit qu'on ne peut pas faire confiance en l'auto-gouvernement de l'homme par lui-même. Peut-on alors lui faire confiance pour le gouvernement des autres?

Francis Richard

La tyrannie de la redistribution, Thierry Afschrift, 96 pages Les Belles Lettres

Dans la même collection des Insoumis, dirigée par Patrick Smets:

Libérons-nous de Pascal Salin

Le silence de la loi de Cédric Parren

Prohibitions de François Monti

D'or et de papier de Benoît Malbranque

L'argent des autres d'Emmanuel Martin

Petit traité d'anti-écologie de H16

Self-sécurité  de Pierre-Olivier Drai

La loi du genre de Drieu Godefridi

Les rentiers de la gloire de Copeau

La faillite du climatisme du Oyster Club