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Non, ce n’est pas « ma » primaire.

Publié le 15 novembre 2016 par Marc Vasseur

Dès avant le séisme Trump, une certain nombre d'électeurs de gauche étaient tentés de s'immiscer dans le choix du futur candidat de la droite pour la Présidentielle de 2017. Au prétexte que la seule issue possible pour faire battre Marine Le Pen réside dans la victoire d'Alain Juppé à la primaire de dimanche.

Nul doute que la victoire " surprise " de Trump les a confortés dans cette stratégie qui consiste à choisir le moins pire du pire. Adepte depuis de longs mois du " blanc - à moins que-, blanc ", cette nouvelle donne ne change en rien ce précepte qui vaudra pour 2017. A ce propos, je suis quelque peu mal à l'aise quand je vois pas mal de sémillants commentateurs donner des leçons de démocratie aux américains et notamment sur ce décalage entre grands électeurs et vote citoyen. Soit dit en passant, les Etats Unis sont une fédération et ce depuis quelques décennies... et les mêmes ont jusqu'à mercredi défendu le fait que les USA étaient bien une démocratie, et une grande démocratie confère les deux élections de Barak Obama. Le changement c'est maintenant mais avec un peu de mémoire s'il vous plait.

Alors pour mai, c'est entendu, il nous faut aller choisir dès dimanche le bon candidat qui sera en capacité de faire un barrage efficace à Marine Lepen.

Si je peux entendre ce discours et le respecter, je suis néanmoins au regret de dire que je n'y souscris pas et que je ne me plierai pas aux injonctions qui ne manqueront pas de déferler au lendemain du 1 er tour. Car le désastre vers lequel nous allons n'est pas le fruit de fâcheux concours de circonstances, il est avant tout le résultat de choix ou plutôt d'absence de choix de la majorité des hommes et femmes politiques, de gauche notamment. Et, n'ayant pas commencé à m'éveiller à la politique la semaine dernière, j'ai malheureusement trop souvent eu à dénoncer les renoncements, les aveuglements de ces derniers durant plus de 20 ans pour cautionner leur propre faillite.

Et me demander de voter demain pour les héritiers des thèses ultralibérales de Hayeck et consorts, c'est juste pas possible - parce que je lis aussi les programmes -. Sachant que par ailleurs c'est l'application de ces mêmes idées qui nous ont conduites dans l'impasse systémique à laquelle nous devons faire face aujourd'hui. Et la gauche de gouvernement n'a pas été la dernière pour s'y conformer en se cachant derrière le cache sexe sociétal. Soyons clair, j'approuve la plupart des réformes dans ce domaine -touchant à l'extension de droits individuels- néanmoins elles ne peuvent constituer des solutions aux problèmes collectifs de nos sociétés.

A ce jour, hormis le débat jambon/frites, quelles réflexions sur la place grandissante de la robotisation et l'Intelligence Artificielle dans le monde du travail et donc des bouleversements induits pas dans un siècle dès demain -à moins de considérer cette fable qui veut que la robotisation ne détruit pas d'emplois, thèse en vogue chez les climatosceptiques d'ailleurs - ? quid des inégalités grandissantes dans nos sociétés postindustrielles mettant en exergue la difficulté de se construire un avenir si tu as le malheur de faire déjà partie de la périphérie ou craignant toi-même de t'y retrouver ? Quelles solutions pour un monde post énergies fossiles ? Et que répondre à la problématique de l'accès à l'eau qui va cruellement se poser aux cours des prochaines décennies ?

Ces trois questions - et il y en a bien d'autres ouvrent à elles seules un champ des possibles et de complexité - mettent en avant ce thème rebattu et pourtant bien réel, d'une crise systématique couplé de fait à un changement de paradigme.

Pour l'heure, aucun politique ne se risque sur ce terrain, préférant se réfugier au mieux dans un entre-soi confortable, aveugle et globalisé ; au pire exacerbant les peurs d'un monde inconnu où l'autre sera toujours le responsable de son " propre malheur ".

Alors définitivement, la primaire de la droite et du centre ce n'est pas pour moi.


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