Quels sont les photographes les plus cotés du monde ?
Publié le 14 novembre 2016 par Aicasc
@aica_sc
Le Top des photos de l’année d’Artprice
source © artprice.com
En cette semaine d’ouverture du salon Paris Photo – dont on fête les 20 ans du 10 au 13 novembre – Artprice vous propose un classement d’adjudications des photographies. Le Top révèle les dix photographies les plus chères de l’année 2016.
Rang
Artiste
Adjudication
œuvre
1
Richard PRINCE (1949)
3 525 000 $
Untitled (Cowboy)
2016-05-10 Christie’s New York
2
Richard PRINCE (1949)
2 853 000 $
Untitled (Fashion)
2016-05-10 Christie’s New York
3
Richard PRINCE (1949)
2 405 000 $
Untitled (Fashion)
2016-05-10 Christie’s New York
4
AI Weiwei (1957)
1 089 993 $
Dropping a Han Dynasty Urn
2016-02-10 Sotheby’s Londres
5
Richard PRINCE (1949)
967 500 $
Untitled (Cowboy)
2016-09-28 Christie’s New York
6
Gustave LE GRAY (1820-1884)
965 000 $
Bateaux quittant le port du Havre (navires de la flotte de Napoleon III)
2016-02-17 Christie’s New York
7
Richard PRINCE (1949)
965 000 $
Untitled (Cowboy)
2016-05-11 Christie’s New York
8
Thomas STRUTH (1954)
779 272 $
« Art Institute of Chicago II, Chicago »
2016-11-03 Phillips Londres
9
Helmut NEWTON (1920-2004)
670 000 $
« Sie Kommen (Dressed)’ and ‘SIE Kommen (Naked) »
2016-04-03 Sotheby’s New York
10
GILBERT & GEORGE (XX-XXI)
670 000 $
Day, 1978
2016-10-05 Phillips New York
Quels sont les photographes les plus cotés du monde ? En 20 ans, le palmarès mondial s’est vu profondément bouleversé, car les prix des clichés anciens et modernes a été rattrapé, puis dépassé, par ceux des artistes contemporains. Au milieu des années 90′, les plus belles enchères étaient portées sur Edward Curtis, Man Ray, André Kertesz ou Gustave Le Gray, avec des records enregistrés entre 300 000 et 800 000 $ en moyenne. Puis, l’explosion de l’art contemporain aux enchères au tournant des années 2000 a propulsé d’autres photographes, âpremement disputés dans les salles de ventes londoniennes et new-yorkaises : Andreas Gursky, Richard Prince, Cindy Sherman, Jeff Wall, Gilbert & George ont constamment hissé les niveaux de prix, avec des records cette fois millionnaires, voire au seuil des 10m$ pour une seule photographie (avec la vente de The New Jeff Koons (1980), œuvre de Jeff Koons pour 9,4m$, en mai 2014 chez Sotheby’s à New York).
Le produit de ventes mondial a littéralement explosé sur 20 ans, passant de 16 m$ pour une peu plus de 3 000 clichés cédés aux enchères, à 150,8 m$ en 2015 pour un nombre de ventes effectives révisé au quintuple. Si la photographie représente entre 1% et 2% du produit de ventes mondial Fine Art, soit une part congrue, il n’en demeure pas moins un marché dynamique porté par l’appétence des collectionneurs d’art contemporain en Occident. La photographie de la seconde moitié du XXème siècle s’affirme aujourd’hui comme la plus profitable du secteur, avec un chiffre d’affaires de 36,5 m$ réalisé sur le premier semestre 2016, contre 19,2 m$ pour la photographie moderne, un peu moins de 15 m$ pour le segment d’après-guerre et seulement 2,5 m$ pour les aficionados de la photographie du XIXème siècle.
Le présent classement reflète parfaitement ces tendances, en portant neuf épreuves contemporaines à la cime des prix, contre un seul cliché historique, celui des Bateaux quittant le port du Havre (1856-1857) de Gustave Le Gray.
Richard Prince caracole largement en tête
Ce n’est pas véritablement une surprise que de voir Richard Prince caracoler en tête : il tient la moitié du classement, dont les trois premières places qui sont autant de résultats multimillionnaires. Pour autant, le grand favori de la photographie américaine (avec Cindy Sherman bien qu’elle ne soit pas classée sur ces résultats annuels) n’emporte pas de nouveau record absolu. Le grand ektachrome Cow Boy cédé pour 3,525 m$ le 10 mai dernier chez Christie’s à New York reste 400 000$ derrière le cliché Spiritual America vendu au seuil des 4m$ en mai 2014 par la même maison de ventes. Rappelons que ce cliché particulier, Spiritual America, fut à l’origine d’un retentissant scandale : cette photographie issue d’une photographie de 1975 prise par Garry Gross représente Brooke Shields à l’âge de 10 ans, s’exhibant nue, debout dans une baignoire, maquillée de façon aguicheuse. L’épreuve fut censurée à plusieurs reprises, notamment lors de l’exposition Présumés innocents en 2000 (Bordeaux) puis neuf années plus tard lors de l’exposition Pop Life de la Tate Modern (Londres).
Richard Prince est une signatures phare du marché actuel : la vente de ses toiles, en plus des photographies, le hissait en quatrième position des artistes les plus performants du monde aux enchères dans le dernier rapport d’Artprice sur le marché de l’art contemporain paru en octobre 2016. La vente de 69 de ses œuvres entre l’été 2015 et l’été 2016 générait en effet quelques 55,8m$, soit mieux que Peter Doig ou même Keith Haring sur 12 mois.
Le premier million d’Ai Weiwei
Ai Weiwei est un artiste contestataire, devenu l’artiste chinois le plus populaire en Occident grâce à un art consommé de la provocation et un parcours plastique et militant hors-normes. Iconoclaste et frondeur, il obtient cette année son premier résultat millionnaire dans le secteur de la photographie, alors que plusieurs installations et sculptures ont déjà passé ce niveau de prix depuis deux ans. La photographie en question est Dropping a Han Dynasty Urn, soit un triptyque photographique issue d’une performance réalisée en 1995. Le triptyque décompose un seul mouvement, celui où l’artiste lâche de ses mains et laisse se briser au sol un vase ancien de 2000 ans, de la dynastie Han. Dans un geste qu’il veut libérateur, Ai Weiwei « lâche » le passé, brise l’héritage culturel, interrogeant notamment la valeur accordée à l’art et à l’histoire dans nos sociétés. L’oeuvre, importante par sa dimension (136 cm x 109 cm) et rare (tirées sur 8 exemplaires), était attendue entre 200 000 et 300 000 $, elle s’est finalement envolée pour 1,08 m$ en février 2016 chez Sotheby’s à Londres. Sa valeur a été multiplié par 10 en 10 ans, suivant une cote et une popularité explosives.
Quelques clichés moins emblématiques d’Ai Weiwei circulent encore pour moins de 1 000 $, car la photographie est un marché à deux vitesses; avec une production abordable parallèlement aux œuvres millionnaires. Avec un budget de 5 000 $, l’amateur aura accès à plus de 75% de l’offre mondiale. Il est même possible avec cette enveloppe d’accéder à certaines épreuves de la grande artiste américaine Cindy SHERMAN, dont le record ultime affiche plus de 6,7 m$ pour une série de 21 tirages argentiques issus de sa fameuse série « Untitled Film Stills » (vendue chez Christie’s New York, emportés le 12 novembre 2014 ).
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