On rappelle le concept : 4 artistes en simple guitare/voix. 30 minutes chacun. Et nous.
Audrey Braun, l'âme du groupe folk-pop Joy & Glory, commence devant une salle déjà pleine à craquer. Elle reprend les chansons de son groupe, cette fois-ci débarrassées de tout arrangement. On ne le dira jamais assez, mais l'exercice est admirable. Imagine-toi te mettre à nu devant toute une salle. Audrey parle des caps de la vie, des responsabilités qui vont avec, et va jusqu'à oser présenter une nouvelle chanson, sans titre encore. Plus solaire que jamais, elle finira sur la jolie " Hey You ", dans la parfaite simplicité de sa voix et de sa guitare.
Thomas Schoeffler Jr. prend le relai, et c'est une grosse première pour moi de le voir sans harmonica et sans caisse de résonnance sous ses pieds. Un peu moins bavard que d'habitude, il joue le jeu à fond, sans même se servir du sol comme percussion. Et on découvre à quel point, finalement, ses chansons sont profondément tristes. Entre " Daniel's Fall " ou " The Hunter ", la formule guitare/voix ne trompe pas et dévoile la vérité de paroles d'habitude habillées presque trompeusement. Une vraie belle surprise.
The Wooden Wolf s'installe à côté de sa lampe fêlée qui aura traîné sur scène toute la soirée. Lui tout seul, ce n'est plus une découverte. Et pourtant à chaque fois, on ne s'en remet pas. Alex profite de ses 30 minutes pour nous plonger dans une calme introspection. Sa mise en musique des poèmes de Bukowsky, sa reprise d' "Avalanche " de Leonard Cohen, et cette toujours incroyable " It Takes An Angel To Make A Ghost "... Comme il le dira, " on a tous vécu la même semaine ". Et nous faire penser à toutes ces étoiles qui brûlent dans le ciel derrière les nuages, c'était justement ce qu'il nous fallait après cette terrible semaine. Parfait moment.
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D'une manière très différente, mais toute aussi délicate, Ross Heselton finira de nous libérer de ce qui nous pesait en cette fin de semaine. Si tu ne connais pas ce garçon, voici ce que tu dois savoir de lui : il est doté d'une sensibilité extrême, invoque les esprits des plus grands poètes et musiciens disparus, et est totalement imprévisible. Chacune de ses apparitions est une expérience hors du temps.
Entouré de tous ses livres de Leonard Cohen, exposés autour de son ampli comme des bibles sur un autel, il tourne en rond. Le format imposé de 30 minutes le perturbe. Il les transformera vite en grand-messe. Ce soir, il va prêcher et on va communier. Autour du dieu qu'on choisira, parmi celui de la Musique, des Arts, de l'Humanité, de la Fraternité. Sûrement tous ceux-là à la fois. Peut-être, surtout, celui de la Liberté. Il commence avec " Le Chant des Partisans ", enchaîne avec un negro spiritual, fredonne " Le Temps de l'Amour ", déclame longuement le nom de tous ses frères (d'Eluard à Neruda, en passant par Cooke, Richter, Nietzsche, des noms de sa famille et de ses amis, aussi...). Il explique qu'il faut pleurer, chanter et rire, parce que c'est pour cela que la musique est faite. Il démolit " Hallelujah " avec une pureté et une beauté si profondément sincères qu'on va jusqu'à en trembler. Il clôt l'ensemble par une lecture d' "Anthem ", qu'il traduit et déclame fiévreusement.
Il est vain d'essayer de retranscrire ces 30 minutes. Laisse-moi simplement te dire que Ross a réussi : le temps d'un court instant, il a ramené le fantôme de Leonard Cohen parmi nous.
" Faites sonner les cloches qui peuvent encore sonner. Faites sonner les cloches qui peuvent encore sonner. Faites sonner les cloches qui peuvent encore sonner. "
C'est ce qu'il faut tâcher de faire, maintenant.
Merci à La Popartiserie, pour ces incroyables instants, et vivement le Guitar Only Festival #2.
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