Les enjeux de la COP22 suite aux élections US

Publié le 14 novembre 2016 par Nicomak @Myriam_Nicomak

Comme certains d’entre vous le savent déjà, la COP22 bat son plein à Marrakesch depuis lundi dernier. Suite aux résultats inespérées des élections américaines de la semaine dernière, beaucoup de personnes travaillant dans le secteur du développement durable se font de plus en plus  de soucis sur la suite des négociations concernant le changement climatique dans les jours, semaines et années à venir. Mais quels sont les réels enjeux de la COP22 ?

La COP (Convention Of Parties = Convention des membres en anglais) est un événement qui se déroule dans le cadre de l’UNFCCC, le cadre des Nations-Unis sur la convention concernant le changement climatique. Tous les ans, un autre pays accueille cet événement qui représente l’instance de prise de décision de l’UNFCCC : les pays-membres débattent et négocient des traités, conventions et autres outils des lois internationales qui appliquent au climat.

L’année dernière, la COP21 s’est déroulée à Paris et a vu la naissance du Traité de Paris, un document de 31 pages qui régule les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une fois qu’il a atteint les seuils de 55 nations représentant au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce traité est entrée en vigueur le 4 Novembre dernier, seulement 4 jours avant le début de la COP22.

Mais du coup, si on a déjà un traité adopté qui règle les émissions de gaz à effet de serre, pourquoi la COP22 a-t-elle lieu ? Et… de quoi vont-ils bien pouvoir parler ?! La réponse courte est simple : même si le Traité de Paris régule les émissions de gaz à effet de serre, de nombreux points techniques restent encore à négocier et de nombreux outils restent à définir. Les trois thématiques principales qui seront discutées lors des négociations sont : la comptabilité carbone, le financement et les objectifs de contributions nationales.

Comptabilité carbone

Les émissions de gaz à effet de serre doivent être suivies de près par chaque pays, comme stipulé dans le Traité de Paris. Le problème est qu’il n’existe pas de système standardisé de suivi des émissions de gaz à effet de serre. Certains pays n’ont même pas les connaissances techniques ou les ressources humaines expertes nécessaires à la mise en place d’un tel système. Et comment être sûr que le suivi des gaz reflète bien la réalité ? Et comment s’assurer de la transparence des rapports qui seront remis par les pays ? Vous l’aurez compris, les pays-membres ne sont pas du tout au clair sur la comptabilité carbone et doivent tomber d’accord afin de tirer tout ça au clair.

Finances

Cette thématique peut être résumé très facilement : qui va payer quoi et combien exactement ? C’est une thématique complexe qui doit prendre en compte pleins de variables différentes : la justice climatique n’est qu’une variable parmi d’autres !

Contribution nationales

Chaque pays définit lui-même ses propres objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces objectifs sont appelés les Contributions Déterminées Nationalement (NDC pour le sigle anglais). Même si chaque pays a donc choisi lui-même des objectifs et qu’il considère donc ces objectifs atteignables, il est important de savoir comment les pays-membres seront tenus responsables de l’avancée de leurs efforts et plus spécifiquement, les conséquences qu’ils encourent s’ils n’atteignent pas ces objectifs. La transparence des rapports déposés ainsi que la spécification des gaz à monitorer sont deux autres thématiques importantes qui devront être abordées lors des débats.

Les élections américaines 2016

Je voudrais finir cet article sur un dernier paragraphe concernant les élections américaines : Donald Trump, le prochain président américain, a menacé de nombreuses fois lors de sa campagne de sortir du Traité de Paris. Dans la réalité, ce n’est pas aussi simple que ça. Aucun des pays n’ayant signé le Traité de Paris ne peut en sortir dans les trois premières années suivants son entrée en vigueur et entre le moment où un pays dépose les documents nécessaires pour sortir du traité et sa sortie officielle, il existe un délai d’une année supplémentaire : les USA ne peuvent donc pas sortir du traité lors des quatre ans que va durer la présidence Trump (sauf s’il est réélu pour un deuxième mandat). D’autre part (et c’est une des critiques majeures à faire au Traité de Paris), il n’a été convenu d’aucune pénalité si un des pays venait à juste… ne pas appliquer le Traité de Paris. Rien ne peut réellement empêcher les USA de ne pas appliquer le Traité de Paris : la communauté international n’a aucun moyen de pression. Espérons que le public américain saura faire pression sur son nouveau président !

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