Ce cinquième volet invite à suivre trois groupes de personnages en parallèle. Il y a tout d’abord Hazel, sa mère et sa grand-mère, qui se retrouvent prisonnières de Dengo sur une lointaine planète. Ce dernier a également kidnappé le nouveau-né princier et contacte un groupe de soldats révolutionnaires afin de monnayer ses prisonniers. Pendant ce temps, sur la planète Demimonde, Gwendoline, La Marque et Sophie partent à la recherche d’un remède pour le moins surprenant afin de guérir les blessures du tueur à gages nommé Testament. De son côté, Marko, totalement déprimé par l’absence de sa fille et de sa femme, fait équipe avec Yuma et le Prince Robot IV en espérant retrouver au plus vite la trace du vaisseau de Dengo.
Après un tome moins porté sur l’action, qui invitait à suivre la vie de famille (certes un peu tendue) d’Alana, Marko et Hazel sur une petite planète isolée, le trio se retrouve dorénavant éparpillé aux quatre coins de l’espace. Cela permet non seulement à Brian K. Vaughan de développer plusieurs sous-intrigues qui se déroulent en parallèle, mais lui donne également l’occasion de renouer pleinement avec l’action. En multipliant les planètes et les espèces, l’auteur offre une lecture très diversifiée et une galerie de personnages extrêmement riche et parfaitement exploitée. Il a en effet l’art de composer des groupes de personnages assez improbables et de saupoudrer le tout de dialogues croustillants au possible. Si cet ovni mélange avec brio space opéra, romance, chronique familiale, géo-politique, comédie, aventure, sexe, horreur, violence, chasse à l’homme, drame, action, science-fiction et magie, l’une des grandes forces du récit sont en effet les dialogues. Ceux-ci sont une nouvelle fois d’un naturel extraordinaire et débordent d’humour. Le choix d’Hazel en tant que narratrice du récit fonctionne également toujours à merveille, surtout que cette dernière revient sur les événements avec un certain recul et beaucoup de cynisme. Ajoutez à cela un character-design impressionnant, un univers débordant d’inventivité et la capacité de Vaughan d’aborder énormément de thèmes sensibles en toute décontraction, sans alourdir le récit, et vous obtenez une véritable tuerie qui gère de surcroît l’art du cliffhanger avec énormément de maestria.
Visuellement, le graphisme de Fiona Staples continue de fonctionner à merveille. La dessinatrice canadienne donne non seulement vie à des créatures loufoques au look très réussi, mais parvient surtout à mettre les délires du scénariste en images avec beaucoup de savoir-faire et d’esthétisme. À l’aide d’une colorisation qui accompagne toujours parfaitement le ton du récit, elle contribue aussi à installer une ambiance toujours adéquate. Elle offre également un découpage efficace qui rend la lecture très fluide et qui incite à tourner les pages à grande vitesse.
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