Une Française établie à Cusco
Écrivain, photographe et guide française vivant à Cusco depuis quelques années, le parcours de Julie Baudin fait rêver. Elle vient de publier son 3e ouvrage chez Transboréal, qui nous emmène à Cusco, à la rencontre de personnages qui vivront des défis complexes dans un univers marqué entre traditions et modernité.
Découverte de l'auteur
Originaire de Besançon, elle développe rapidement le goût de l'ailleurs. Elle atterrit d'abord au Canada à 17 ans, puis revient en France pour étudier les langues étrangères appliquées, et obtient son diplôme de guide-interprète. Elle part au nord de l'Inde, voyage qui la mènera à la publication de son premier livre, Zanskar intime, co-écrit avec David Ducoin. Puis, durant 2 ans elle traversera en couple l'Amérique, de l'Alaska à la Terre de Feu, où elle développera un grand intérêt pour les peuples indigènes.
Le duo réalisera même un film sur la réalité autochtone, son mode de vie et ses défis. Le film n'est plus distribué, mais en voici un intéressant aperçu :
Ce film est d'ailleurs un résumé de son premier livre en solo " L'odyssée amérindienne ", paru en 2008 puis réédité cette année chez Transboréal.
Nous avons rencontré Julie Baudin car elle vient de publier son 3 e livre Le Condor et la Momie qui sera en librairie dès le 17 novembre.
Dans quel univers nous emmène ton livre?
Le condor et la momie est un recueil de 9 nouvelles qui entrainent le lecteur dans un Pérou contemporain où réalité, rêves et espoirs s'entrechoquent, au même titre que s'entrechoquent cultures, générations et classes sociales. Chaque histoire est celle d'un Péruvien ou d'une Péruvienne qui fait face à un monde en pleine mutation dans une société héritière d'une organisation sociale et de traditions fortes dont il ne peut ou ne veut se libérer. À travers des destins très différents, j'ai essayé de donner une vision d'ensemble de ce pays qui me fascine et me choque à la fois.
Tu habites à Cusco depuis quelques années. Ta vie quotidienne a-t-elle été une source d'inspiration?
Bien sûr, ma vie quotidienne est une source intarissable d'inspiration. J'ai beaucoup voyagé avant de poser mes valises à Cusco, et ces années de vadrouille m'ont enseigné à ne jamais céder à une vision manichéenne du monde.
L'Histoire me fascinant, j'en use beaucoup pour comprendre le présent du Pérou et de l'Amérique latine. Au quotidien, tout cela se traduit par de l'observation, de l'analyse et de l'objectivité. La société cusquénienne est extrêmement complexe de mon point de vue, et c'est ce qui m'a inspiré pour mon recueil : j'ai voulu tenter de traduire cette complexité andine, mais aussi péruvienne en générale, complexité due à une histoire mouvementée et douloureuse et à un présent tout aussi incertain.
Pourquoi avoir choisi de t'y installer?
En réalité, je me suis installée à Cusco après y avoir rencontré l'homme qui est devenu mon mari. Cependant, j'aimais beaucoup la ville avant de m'y poser et y venais fréquemment avec des groupes de touristes français que j'accompagnais. J'ai toujours été fascinée par le caractère unique de Cusco, ville métissée par excellence, tant au niveau architectural qu'humain.
Puis, en intégrant une famille cusquénienne par le biais de mon mariage, j'ai découvert le poids des traditions, de la religion et de cette histoire douloureuse dont je parle précédemment. Mais ce sont aussi ces traditions qui m'ont le plus fascinée, puisque j'y ai dédié toute une partie de mon travail photographique et littéraire. Cusco est pour moi un être vivant, qui en surface montre sa beauté entachée de cicatrices, mais qui sous ses vêtements de fête, dévoile un pan extrêmement complexe de sa personnalité réservé aux initiés et aux fidèles.
Quels sont tes plus beaux souvenirs à Cusco?
Bien que j'aime beaucoup la ville en tant que telle, mes souvenirs les plus marquants restent ceux liés aux moments passés à la campagne, au sein de familles paysannes. Je me sens naturellement plus attirée par le milieu rural, et j'ai toujours aimé la vie simple : les instants partagés autour du foyer à éplucher les pommes de terre pour préparer la soupe, avec pour animaux de compagnie une bande de cochons d'Inde bruyants, et pour musique d'ambiance la radio locale. J'ai eu la chance de connaitre ce mode de vie-là il y a maintenant 10 ans, et il y a peu de temps encore, je découvrais que l'existence des montagnards n'avait pas du tout changé : dans les bergeries à 4500 mètres d'altitude, les gardiens de troupeaux vivent sans eau courante ni électricité, ne se nourrissent que de pommes de terre et doivent marcher plusieurs heures pour rejoindre le village le plus proche.
C'est ce Pérou-là, entre autre, qui me touche parce que c'est un Pérou qui ne désire pas changer. C'est le Pérou des générations qui ne s'intéressent pas à la technologie, aux communications ni au tourisme. J'ai appris beaucoup auprès de ces personnes, et je leur suis reconnaissante de m'avoir accueillie et enseigné, sans le savoir, à revoir ma vision de la vie.
Entre écriture et photographie, le Pérou semble vraiment te fasciner. Quels sont tes plus grands coups de cœur?
Cusco reste mon coup de cœur, mais j'avoue être aussi fascinée par l'Amazonie, que je connais assez peu mais où j'ai vécu des expériences fortes. L'une de mes nouvelles est d'ailleurs inspirée directement d'une de mes " aventures " au sein du peuple Shuar, dans le nord du pays, à la frontière avec l' Équateur.
En termes d'esthétique, ce sont surtout les Andes qui m'inspirent. La lumière, dans les montagnes, est très particulière.
C'est tôt le matin et juste avant le coucher de soleil que les contrastes sont les plus forts et les plus impressionnants. Cela laisse une fenêtre réduite pour le photographe, sauf par temps nuageux où il est également très intéressant de sortir muni de son appareil photo.
Mais les lumières qui m'ont le plus impressionnée, je les ai vues sur la côte nord du Pérou. Avant de m'y rendre, je n'avais jamais été témoin d'un ciel rouge grenade. Chaque soir est un festival de couleurs qui ne sont jamais les mêmes. Cela me manque à Cusco où les soirs propices aux couleurs sont rares et éphémères.
Il me reste beaucoup à découvrir du Pérou, et je sais que ma vision du pays continuera d'évoluer avec le temps et les expériences. Mais par ce recueil de nouvelles, j'ai essayé de donner à voir les enjeux qui s'y vivent au quotidien, sans poser de jugements.
Envie de suivre son travail ?
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Photo d'entête: Julie BaudinGagnez un exemplaire du livre Le Condor et la Momie!
Pour célébrer l'arrivée en librairie du dernier ouvrage de Julie Baudin le 17 novembre, Transboréal a décidé d'offrir un exemplaire aux lecteurs de Voyage Perou.
Pour participer :1. Aimez la publication Facebook du concours
2. Répondez à la question " Pourquoi aimeriez-vous gagner Le condor et la Momie? " dans les commentaires de la publication Facebook*.
*Aucune réponse publiée dans les commentaires de cet article ne sera prise en compte pour le concours.
Augmentez vos chances de gagner en :
1. Partageant la publication du concours (en mode public) sur votre compte Facebook avec la mention : " Gagnez un exemplaire du livre Le Condor et la Momie "
2. Aimant la page Facebook de Julie Baudin Photography et de Voyage Perou, si ce n'est pas déjà fait!
Conditions:Le concours débute le dimanche 13 novembre 2016 et se termine le jeudi 17 novembre 2016, le nom du gagnant ou de la gagnante sera annoncé vendredi.
La participation est ouverte uniquement aux résidents de France métropolitaine.
Si le gagnant ou la gagnante ne se manifeste pas après 72h, un nouveau nom sera tiré au sort.
Bonne chance à tous et à toutes!