A St Apollinaire, dans la médiathèque, jusqu’au 26 novembre, la plasticienne Nadine Morel propose « sur le fil ». Peintures et sculptures. (Dans le cadre de l’opération « un artiste, une oeuvre » de cette Médi@lude admirable) Mardi, jeud. vend. 15-18h30; mer. 10-12h et 14-18h30; sam. 10-12h et 14-17h. Prochaine visite avec l’artiste samedi 26 nov. 15h.
Samedi matin, je me pointe à la Médiathèque de St Apo. Cette visite était dans mes tablettes depuis le 2 novembre. La plasticienne Nadine Morel expose. C’est assez rare par chez nous. Très envie de voir, d’autant que je connais et suis un peu son travail depuis près de 15 ans.
Je commence à faire tourner mon regard, dès l’entrée dans cette petite galerie lumineuse qui me fait toujours penser à ces délicieux passages couverts parisiens. Je m’imprègne doucement de l’ambiance morélienne : profondeurs marines, rouilles d’épaves, rubans d’écritures enfouis, couleurs ardentes et travaillées, calligraphies amples et mystérieuses…Et puis, bien évidemment, les petites sardines argentées qui me clignent de l’oeil en traversant les toiles, petits signes éternels de Nadine Morel, symboles d’infini, de fécondité…Derrière moi, soudain, un grand souffle (les feuilles des livres de la bibli ont failli voler!). Arrivée de l’artiste. D’un pas solide et d’un bonjour tonique. Elle vient rencontrer ses collectionneurs, dit-elle. Pas que… La visite de l’expo, accompagnée par Nadine Morel elle-même, était bien au programme de ce samedi, à cette heure-là. Ravie, je me coule dans le groupe des visiteurs.
Habituée à la pédagogie, à la transmission, elle trouve les mots, les anecdotes et les attitudes qui conquièrent son public.
Voici donc… – Comment elle travaille depuis 25 ans, avec rigueur, constance et passion. Comment elle fonctionne à partir d’un texte de compositeur, son moteur (toujours le même, celui qui débute par « sur le fil… »). Comment elle superpose les couches de peinture, les use, les reconstruit, les couvre, les creuse etc. Comment elle y intègre des papiers d’écritures venues des quatre coins du monde. Comment elle calligraphie des fragments de phrases. Comment elle peint trois toiles en même temps. Comment elle procède. Comment elle avance.
Et puis encore… La solitude de l’artiste. L’entrée en peinture (« comme en méditation ») et les longues heures de travail. Son rapport physique à la matière, tel un sculpteur. Sa fidélité aux trois axiomes: « support, outil, geste ». Son envie d’exprimer les idées de passage, d’éphémère, de mémoire, de traces. Ses moments à elle de grands « cataclysmes » suivis de grands calmes.
Déjà plus d’une heure qu’on l’écoute. Captivant. Les questions prolongent la rencontre. On n’a pas bougé… mais on a parcouru toutes les phases de ces années de création qui sont présentées là, dans ce couloir. Et, pour la néophyte que je suis encore, il faut bien dire que l’évolution entre la première toile et la dernière n’est pas évidente. A quelques nuances près, on retrouve ses mêmes strates de pigments et sa façon identique de faire remonter en surface les premières couches, ses déclinaisons de teintes à l’intérieur des séries, ses lignes géométriques, ses collages de rangées d’écritures chinoises, arabes, hébraïques…
Je choisis de publier un détail d’une des toiles de Nadine Morel pour vous conseiller de vous approcher ! Cliquer pour agrandir, en deux foisEn parallèle aux peintures, l’artiste présente quelques sculptures. Légères silhouettes de femmes (sirènes?) faites de simple papier sur armature mais qu’on prendrait volontiers pour du bois peint ou de la terre cuite.
Quelques disques aussi, avec passage de sardines! Qui évoqueraient des objets sacrés et magiques d’on ne sait quelle civilisation précolombienne.