Ça n’arrive pas si souvent. De voir les oeuvres d’une réalisatrice et d’un metteur en scène unis dans la vie sortir quasiment au même moment. Mia Hansen-Løve et Olivier Assayas, car c’est bien d’eux dont il s’agit, ont ainsi donné le la de l’antépénultième et de l’avant-dernier jours de festival (qui pour cette édition, vit ses dernières heures), avec respectivement L’Avenir et Personal Shopper.
Je laisserai le soin à ma collègue de revenir plus en détail sur le premier (pour l’avoir moi-même malheureusement manqué…), pour mieux m’attarder sur le second. Il y a de toutes façons bien assez à dire, et pas qu’en bien, vous pouvez d’ores et déjà vous y préparer.
Une nouvelle fois, mes attentes étaient pourtant hautes concernant ce dernier (je vais vraiment devoir me calmer et apprendre à me niveler). Fort du Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, et précédé d’une réputation assez flatteuse, Personal Shopper se présente comme un thriller fantastique suivant le personnage de Maureen (incarné par la nouvelle muse du réalisateur français, Kristen Stewart), commise d’achat pour Kyra, femme aussi célèbre qu’antipathique.
Médium par ailleurs, Maureen attend désespérément un signe de son frère jumeau, décédé plusieurs semaines auparavant. Possédant le même don, ce dernier lui avait la promesse de la contacter depuis l’au-delà, afin qu’elle puisse alors en finir avec son deuil, recommencer à vivre, et accepter son trépas.
Assayas vient ainsi se frotter avec Personal Shopper à l’exercice (plus que) délicat du film censé faire peur. Une histoire de fantômes doublée d’un récit psychologique trouble, jouant à plein la carte du mystère, du faux-semblant, de l’opacité « lynchienne »…
… Mal maitrisée ? Question mise en scène, sans aller jusqu’à dire que son prix à Cannes s’avère pleinement mérité, il faut tout de même reconnaître que le travail opéré par Assayas est de grande qualité. Les cadrages sont précis, les mouvements de caméra élégants et toujours bien choisis, et ce sans compter sur la beauté glacée de l’impeccable photographie.
Non, si le bât blesse, la faute en revient surtout à un scénario se croyant intelligent et malin, là où finalement, ne se dégage bien souvent que vacuité et évident.
Vacuité, dans la propension de Personal Shopper à se montrer démonstratif et incroyablement long pour raconter bien peu. Évident, dans le manquement à la règle première de tout bon film à tensions et suspense : ménager le mystère.
Or ce dernier, avorté assez rapidement, ne propose rien de plus ou de neuf quant à la dualité classique entre fantasme et réalité, fantômes et matérielles entités.
Dès lors, que reste-t-il ? Un très long cheminement vers une conclusion en forme d’ultime rebondissement, tombant malheureusement à plat pour cause de « tout ça pour ça ? ».
Si le film ne se montre pas inintéressant pour autant, il porte malheureusement lui-aussi (un peu comme Nocturama avant lui) les stigmates du penchant du moment pour nombre de très bons cinéastes français : l’auteurisant ronflant, qui commence à devenir passablement agaçant.
Dans un registre similaire, je vous conseillerais davantage Abandonnée de Nacho Cerdà : plus de corps, plus de chair, plus de mordant. Du cinéma définitivement plus vivant !