La géante américaine Citi est une nouvelle venue dans le club des banques « ouvertes » grâce aux API (« interfaces de programmation applicative ») mais elle prépare une entrée en fanfare, au vu de l'étendue des services qu'elle exposera, depuis les accès aux situations de comptes jusqu'à l'investissement, en passant par les virements.
Il est vrai que, pour l'instant, l'initiative en est encore au stade des promesses. En effet, les API sont actuellement disponibles uniquement en mode beta privé, donc réservées à quelques partenaires triés sur le volet, et les exemples d'implémentations cités ne concernent qu'un périmètre réduit. Le portail créé pour l'occasion – le Citi Developer Hub – se contente d'inviter les développeurs intéressés à laisser leurs coordonnées, de manière à être tenus informés des évolutions futures, jusqu'à l'ouverture publique.
La prudence qui semble caractériser la démarche est probablement justifiée par l'ambition qu'elle porte. Ainsi, il n'est pas uniquement question ici de permettre à des entreprises tierces d'accéder aux soldes et aux relevés d'opérations sur les comptes courants et de carte de crédit. Et l'interface de paiement par points de fidélité que Citi avait dévoilée plus tôt cette année n'était qu'un hors-d'œuvre à l'impressionnante palette de fonctions évoquée maintenant, organisée autour de 8 domaines d'usages.
Ceux-ci comprennent notamment différents services de paiement – transferts entre comptes, mais aussi virements interbancaires et échanges d'argent entre particuliers. Il serait également possible d'acheter des produits d'investissement ou encore d'intégrer le processus de souscription de carte de crédit avec les API proposées. Naturellement, on peut supposer que toutes ces options ne seront pas mises à disposition de n'importe qui, en production, et les règles de sélection ne sont malheureusement pas explicitées.
Une autre particularité de l'approche de Citi est sa dimension globale affirmée, même si, là aussi, le démarrage est beaucoup plus mesuré, puisque l'ensemble du catalogue d'API ne sera disponible qu'en Australie et à Singapour, tandis que les États-Unis ne bénéficieront que d'une partie (modeste) de celui-ci. Peut-être faut-il voir dans ce choix une deuxième mesure de précaution, qui consisterait à déployer les interfaces sur des marchés moins « sensibles » afin d'évaluer la réponse des utilisateurs et appréhender sur le terrain les éventuels problèmes à traiter, sans prendre de risque trop important.
Il faut enfin noter que les objectifs de Citi sont particulièrement ciblés. Jamais ne sont envisagées, dans la communication officielle, les opportunités de l'innovation ouverte ou de collaborations avec des acteurs externes. La seule motivation affichée est de répondre à une demande de la part d'une nouvelle catégorie de clientèle : en 2016, la commercialisation de services financiers passe aussi par l'exposition d'API. Les banques qui renâclent à lancer leur propre initiative devraient en prendre de la graine…