Le mot « arrêt » est aujourd’hui, dans le monde des entreprises, entendu comme une offense à l’injonction : être performant. En même temps, je lis que la méditation est proposée aux responsables du management des différents secteurs d’une entreprise « afin qu’ils puissent "assumer" le stress auquel ils sont quotidiennement confrontés ... ! ».
Je trouve cette proposition dommageable et pernicieuse. En effet, méditer dans le but de pouvoir maintenir, au nom d’intérêts existentiels et matériels, une cadence de travail absurde et abrutissante - sans plus ressentir les symptômes qui ont pour cause cette manière d’agir - est dangereux pour la santé.
Il m’est arrivé, au cours d’une conférence, parlant de l’importance de « l’arrêt », d’être qualifié de « réac ». Un entrepreneur m’a dit « Monsieur, j’ai l’impression que vous vivez dans un autre monde que celui dans lequel je vis quotidiennement ».
Cher Monsieur, vous êtes-vous déjà posé la question : « Pourquoi suis-je né ? » ; est-ce pour vite... vite... mourir ? Ou - et pourquoi pas dans le milieu du travail - pour incarner et célébrer les valeurs de l’être, de l’acte d’être, à travers une manière d’être et d’agir en tant qu’être humain ?
A l’occasion des leçons de philosophie qu’il propose au Centre, André Comte-Sponville nous rappelait la réponse donnée par Montaigne à un ami qui se plaignait "de n’avoir rien fait de sa journée"... « Comment ! N’avez-vous pas vécu ? ».
Aujourd’hui, cinq siècles plus tard, à celui qui se plaindrait "de ne pas avoir eu un instant à lui tellement ses occupations sont astreignantes", je peux imaginer que Montaigne dirait ... « Comment ! N’avez-vous pas vécu ? ».
L’ « arrêt » !
L’ « arrêt » !
L’occasion de se détendre ; de se libérer des tensions ou, plus exactement, de cet état d’être tendu qui est la cause des deux pathologies dans lesquelles tombe l’homme contemporain lorsqu’il n’a jamais le temps : le burn-out ou la dépression.
Jacques Castermane
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