Magazine Histoire
Une des plus graves préoccupations de l'Université catholique devrait être, aujourd'hui, le dialogue avec les athées. L'athéisme trouve presque toujours son origine dans les déficiences qui caractérisent la vie et la pensée des croyants. J'évoque ici trois noms représentatifs de l'athéisme contemporain ou trois expressions diverses de l'humanisme athée, trois noms qui signifient ce qu'il y a de plus noble, de plus digne de respect et d'amour dans le monde des incroyants : l'évolutionniste Julian Huxley, le psychanalyste Eric Fromm, le marxiste Garaudy.
Montrons aux évolutionnistes que le chrétien n'a plus peur de révolution et que l'évolutionnisme ne peut que gagner à accepter k présence du Créateur de qui l'évolution tient sa force créatrice. S'il est vrai que l'homme a conscience de sa propre évolution, il est aussi vrai qu'il peut respecter ou profaner ses facultés innées d'être libre, de créer et de se personnaliser.
Pardonnez mon insistance : à l'homme assoiffé de divinité, parlez, dans un langage de XXIee siècle, du Dieu qui s'est fait homme par amour pour lui.
Montrons aux psychanalystes qu'il est nécessaire de revoir cet axiome célèbre : La névrose obsessionnelle est un système religieux et la religion est une névrose obsessionnelle universelle. Montrons-leur que le christianisme devient de moins en moins une religion de la peur et s'enracine de plus en plus dans la confiance et dans l'amour. Montrons-leur comment la rénovation liturgique invalide le parallèle établi entre le cérémonial névrotique et le rituel religieux. Montrons-leur surtout que ce que la psychanalyse a ou peut avoir de solide ne nous effraie pas, que nous pouvons admettre la recherche concernant l'existence d'un dynamisme spécifiquement religieux, inné dans la psyché humaine; que nous n'avons pas peur de la théorie du transfert et de ses répercussions sur le comportement moral et la vie intérieure de l'homme; que nous croyons compatible cette configuration dynamique de l'homme et l'idée d'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu.
Montrons enfin aux marxistes que le christianisme
n’est plus ni ne peut plus passer pour un « opium du peuple ", que l'Église a décidé de ne plus être ni paraître aliénante et aliénée, qu'elle cherche à s'incarner toujours davantage comme le Christ dont elle est la continuatrice, sans pour cela perdre sa transcendance c'est-à-dire sa marque divine. Souvenons-nous des récentes recommandations faites par Paul VI aux évêques latino-américains afin qu'ils fassent un effort sincère pour assurer une présence active de l'Église dans le processus de développement et d'intégration de l'Amérique latine. Quant à moi, si l'on me demandait de présenter un programme de vie, de proposer une tâche ou une mis- sion, je n'hésiterais pas à dire : cherchons à être les témoins de Vatican II, des exemples vivants de christianisme ouvert, aéré, constructif, courageux et confiant; à être des chrétiens de nom et de fait : des chrétiens adultes.
Dom Hélder Câmara Révolution dans la paix pages 25 à 27
traduit du brésilien
par Conrad Detrez
Éditions du Seuil
© 1968, Hélder Câmara, Rio.
© 1970, Editions du Seuil pour la traduâion française. Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest Libellés : Helder Camara, Roger Garaudy, Théologie de la libération