Les lunettes de réalité virtuelle de Google ont été lancées cette semaine. Alors, pour 99$ (ou 69€), le Daydream View vaut-il le détour?
En 2014, Google lançait le Cardboard, un masque de réalité virtuelle hyper abordable composé de deux lentilles et d’une boîte de carton à assembler soi-même. Suffisait d’y insérer un téléphone intelligent pour permettre à ce gadget d’offrir une expérience de réalité virtuelle convaincante.
Ce projet a donné naissance cette semaine au Daydream View, des lunettes reprenant le même principe selon une esthétique finalisée, et avec une manette en prime. Ce produit est également le premier à adopter la plateforme Daydream, initiative de Google pour tenter de faire un certain ménage dans les diverses offres de réalité virtuelle mobile.
Design et prise en main
Qu’on se le dise, le Daydream View est un beau produit. Les responsables de sa conception chez Google ont pris la peine de se poser une simple question : qu’est-il le plus confortable à porter? C’est ainsi qu’on se retrouve avec des lunettes composées d’une structure de plastique recouvert de tissu. Ce qui confère au Daydream View un look unique, et un confort en effet supérieur à la plupart des autres lunettes et casques de réalité virtuelle sur le marché.
L’intérieur est coussiné comme il se doit, et la façade se referme avec une bande élastique qui laisse suffisamment d’espace pour y loger essentiellement n’importe quel téléphone, peu importe sa taille.
Ces lunettes tiennent autour de la tête grâce à un bandeau élastique, également en tissu, facilement ajustable. L’idéal est d’orienter ce bandeau légèrement en diagonale afin de s’assurer que le Daydream View ne glisse pas suite à un mouvement brusque.
La pièce la plus dispendieuse de cet ensemble est nul doute son contrôleur, une manette pointeur munie de capteurs de mouvements et de cinq boutons dont l’un est un pavé tactile. Elle est petite, fonctionne par Bluetooth, et peut facilement se perdre. Heureusement, Google a songé à lui réserver un espace à l’intérieur de la façade.
Matériel et applications
Officiellement, le Daydream View n’est compatible qu’avec certains appareils, dont les Pixel et Pixel XL de Google, mais aussi le ZTE Axon 7 lorsqu’il sera mis à jour à Android Nougat 7.1. Selon toutes vraisemblances, la majorité des prochains téléphones Android pourront fonctionner avec ces lunettes, pourvu qu’ils soient dotés d’un écran d’au moins 1080p.
Ce dont vous aurez (peut-être) l’air en l’utilisant.
Cela dit, puisqu’il s’agit essentiellement d’un Cardboard évolué, Google aurait facilement pu libérer le catalogue d’applications déjà conçues pour celui-ci afin de le rendre compatible avec le Daydream View. Mais non. Impossible d’utiliser celles-ci sans numériser le code QR que l’on retrouve à l’intérieur du casque en carton.
La librairie d’applications conçues pour le Daydream View est pour le moment plutôt restreinte.
On imagine que Google souhaite inciter les développeurs à rendre leurs applications compatibles avec le Daydream View, ou plus précisément, avec son contrôleur. Difficile d’ailleurs d’expliquer pourquoi ces derniers ne l’ont pas déjà fait. Par conséquent, la librairie d’applications conçues pour le Daydream View est pour le moment plutôt restreinte. Tout porte à croire qu’elle grandira rapidement, alors que d’autres fabricants s’amuseront à concevoir leurs propres lunettes sous la plateforme Daydream.
Vous souhaitez regarder films ou téléséries dans un cinéma virtuel? C’est exactement ce que proposent les applications Play Movies & TV et YouTube VR lancées cette semaine. Bien entendu, la qualité de l’image n’est pas aussi nette que le visionnement en plein écran directement sur le téléphone, mais le concept demeure intéressant. Au moins, vous n’avez pas à tenir votre appareil en main pendant des heures.
Expérience
Avec un Pixel XL, l’expérience proposée par le Daydream View est intéressante, à condition bien sûr de nettoyer chaque fois l’écran de son téléphone avant de l’insérer. La qualité des environnements affichés est très élevée, malgré qu’aucune application pour le moment ne parvient à offrir un niveau de détail comparable à celle des casques derniers cris. Il fallait évidemment s’y attendre, après tout, même si la puissance des téléphones a drôlement évolué au fil du temps, les consoles et PC détiennent toujours l’avantage à ce chapitre.
Si les mouvements de tête sont parfaitement détectés, il est impossible de naviguer à travers l’environnement en se déplaçant.
D’ailleurs, il est important de souligner la principale distinction entre la réalité virtuelle mobile du Daydream View et celle proposée par le marché haut de gamme. Si les mouvements de tête sont parfaitement détectés, il est impossible de naviguer à travers l’environnement en se déplaçant. Que l’on consomme une application de réalité virtuelle ou une vidéo à 360 degrés, on se retrouve ainsi avec la même restriction – rester sur place à regarder autour de soi. Bref, c’est du mobile immobile.
Pour parvenir à pousser l’expérience plus loin, il faudrait que la plateforme Daydream puisse positionner la tête de l’utilisateur à l’aide d’un capteur externe (très efficace) ou de la caméra du téléphone inséré (moins efficace). C’est justement avec des capteurs directement intégrés à son premier casque autonome qu’Oculus tentera d’offrir une expérience mobile avec des environnements dans lesquels il sera possible de se déplacer.
L’interaction avec le contrôleur est toutefois possible dans le cas de réelles applications, et l’utilisation de cette manette est d’une simplicité déconcertante. Le pointeur affiché à l’écran et le pavé tactile répondent bien, bien que l’axe du curseur peut avoir tendance à se décentrer. Vous pouvez toujours recalibrer celui-ci en maintenant le bouton principal du contrôleur. La manette permet aussi de déplacer la position d’une vidéo à 360 degrés lorsque tourner sur soi n’est pas une option. Malheureusement, cette action provoque un recadrage de la vidéo (seule une portion est affichée lors de la manipulation), ce qui peut agacer à l’usage.
Le champ de vision réduit est aussi un autre irritant. En comparaison avec les autres offres sur le marché, la taille des lentilles du Daydream View est restreinte, ce qui vient inévitablement influencer à la baise le sentiment d’immersion. Par conséquent, il faudra bouger plus souvent la tête pour réellement avoir l’impression d’être plongé à l’intérieur de l’application.
Conclusion
Pour un produit affiché à 99$ (ou 69€), difficile de critiquer sévèrement le Daydream View. À mon humble avis, son contrôleur était la pièce manquante au puzzle de la réalité virtuelle mobile, le Gear VR limitant ses interactions avec le pavé tactile situé sur le côté des lunettes (à moins de se munir d’une manette Bluetooth vendue séparément).
Ces lunettes ont manifestement beaucoup de potentiel, et il y a fort à parier que son catalogue d’applications grandira rapidement au cours des prochains mois.
Si vous souhaitez par contre vous équiper d’un système de réalité virtuelle digne de ce nom, notamment pour profiter de jeux plus réalistes, il va de soi que les propositions de HTC, Oculus et Sony vous paraîtront beaucoup plus immersives.