Ce livre dont le titre est un vers de Paul Eluard est un réquisitoire accablant contre la colonisation française en Algérie. L’auteur qui vit en Algérie à Sidi Bel Abbes raconte la présence française en Algérie de 1830 à 1962 a travers le regard, le rêve d’un enfant .On y rencontre Abdelkader, Bugeaud, Alexis de Tocqueville mais aussi, évidemment Albert Camus. Si le rappel des faits est accablant, le style est très souvent poétique. C’est la colonisation vue par les algériens .Maïssa Bey évoque les français qui tout au long de cette longue période se sont élevés contre les abus et les crimes de la colonisation sans jamais être entendus et elle leur rend un bel hommage, estimant q’ils sont le véritable visage de la France. Parlant d’eux elle écrit : « Désavoués, moqués, honnis, harcelés poursuivis, rejetés, embastillés, éloignés dans des camps spéciaux et quelquefois exécutés au bout d’un petit matin grelottant et honteux, ils creusent cependant leur sillon, courageusement, pour des moissons futures.
Au-delà des nuits bâillonnées et lacérées par les éclairs des balles traçantes, ils inventent des lendemains fraternels et lumineux.
Qui sait si, de leur souffle, ils n’effaceront pas sur les joues rouges de la douce France, les traces de toutes flétrissures ? »