Le témoignage d'Anne Pingeot montre un Mitterrand sympathique : un individu soumis à des passions humaines. Il est usuel de dire que c'est Rastignac. Il est plus que cela : c'est le "leader" des théories du changement. Il a du pouvoir sans pouvoir. Il a une puissance de séduction inconcevable. Cette séduction ne s'exerce pas tant sur les individus que sur les foules, sur les assemblées qui en font leur chef. En 65, grâce à une combinaison invraisemblable d'alliances contre nature, David ébranle de Gaulle. Est-ce là que son avenir s'est joué ? Peut-être, aussi, a-t-il semé les graines de 68 : il a montré les failles d'un édifice qui semblait formidable ? Mais miner les bases du royaume dont on veut remplacer le souverain, est-ce bien procéder ? Mitterrand, plus Talleyrand que Rastignac ?