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Gilberte Favre, invitée de Tulalu!? et de la Médiathèque du Valais

Publié le 03 novembre 2016 par Francisrichard @francisrichard
Pierre Fankhauser, Gilberte Favre et Sylvie Blondel

Pierre Fankhauser, Gilberte Favre et Sylvie Blondel

Ce soir, pour sa deuxième rencontre du lundi soir de la saison 2016-2017, l'association littéraire Tulalu!? reçoit Gilberte Favre à Sion, à la Médiathèque du Valais. La rencontre est animée par le charismatique Pierre Fankhauser.

Pierre Fankhauser a pour mission de faire parler la Sédunoise. Mais, celle-ci ne va dire que ce qu'elle veut bien dire. Car elle a été journaliste et connaît toutes les ficelles du métier, les dialogues étant, d'ailleurs, ce qu'elle préférait dans son exercice.

Journaliste, elle l'est restée dans l'âme, et ses deux derniers livres parus cette année, Guggenheim Saga et Dialogues inoubliés, en sont le témoignage. Dans l'un comme dans l'autre livre, elle restitue scrupuleusement ce qu'elle a appris.

Dans un train de Neuchâtel à Bienne, elle entend dire un jour, par un passager, que la famille Guggenheim est originaire de Suisse. Cela lui donne l'idée de mener l'enquête sur cette famille, dont le mécénat en matière d'art est notoire.

C'est ainsi qu'elle apprend que les Guggenheim sont originaires de Lengnau, en Argovie, la seule localité de Suisse, avec Endingen, où les Juifs ont le droit de résider depuis 1776... Elle décide alors de raconter leur saga, qui commence dans la souffrance.

Trois raisons toutes personnelles, qui n'entreront pas pour autant en conflit avec son éthique d'ancienne journaliste, la déterminent en effet: les rapports d'un père, Simon Guggenheim, avec son fils, Meyer Guggenheim; le mécénat d'art; la dentelle de Saint-Gall.

Les rapports d'un père avec son fils lui rappellent ceux de son mari, Nourredine Zaza, mort en 1988, avec leur fils, né en 1973; le mécénat d'art, sa visite au Musée Guggenheim de Venise, avec son fils (il a aimé les oeuvres de Dali, tandis qu'elle a préféré celles de Delaunay, de Miro et de Klee).

La dentelle de Saint-Gall lui rappelle la robe que sa mère lui avait confectionnée à partir de cette broderie. Elle trouve extraordinaire que la fortune des Guggenheim soit due au départ à sa fabrication avant de l'être dans les minerais et la métallurgie et qu'une partie de cette fortune ait été consacrée à l'art.

Sylvie Blondel, qui a présenté au public l'invitée de Tulalu!?, lit un passage relatif au tout début de la saga racontée par Gilberte Favre. Elle lira plus tard dans la soirée un dialogue inoublié, De la nature, entre Gilberte Favre et Maurice Chappaz, où Gilberte interprétera son propre rôle et elle celui de Maurice...

Delphine Grataloup

Delphine Grataloup

Les Dialogues inoubliés sont des dialogues inoubliables que Gilberte Favre a eus avec l'auteur valaisan. Ils sont inoubliés par elle pour la bonne raison qu'elle ne veut pas les oublier. En les publiant aujourd'hui elle partage, à partir de ses notes, les instants privilégiés qu'elle a connus avec lui.

Quand elle rencontre Maurice Chappaz, Gilberte Favre a vingt ans, l'âge des enfants de celui-ci, du moins celui d'Achille. Elle est alors journaliste stagiaire à la Feuille d'Avis du Valais. S'il devient son Père spirituel, il est surtout le Poète, dont elle lira quelques extraits de poèmes à l'issue de la rencontre.

Dans ces dialogues, Maurice Chappaz aborde des thèmes, tels que celui de l'angoisse, qu'il n'a pas abordés publiquement auparavant. Il faut dire que les chefs de rubriques de l'époque estimaient que de tels dialogues n'étaient pas publiables, qu'ils étaient trop intellectuels pour leurs lecteurs...

Maurice Chappaz aurait aimé vivre de 1816 à 1913. Pour lui, le XIXe siècle était le siècle des découvertes, le XXe, celui de leur industrialisation. Et il n'aimait pas trop ce que le monde devenait, non pas qu'il soit pessimiste, mais, attaché à la nature, il n'aimait pas qu'il lui soit fait violence: 

Il y a des fins du monde mais pas la fin du monde.

Pendant la rencontre, à la flûte traversière, Delphine Grataloup interprète des intermèdes musicaux, qui sont autant de respirations permettant à chaque fois à l'auditoire de songer agréablement, à ce qui vient d'être dit ou lu, et de l'approfondir jusqu'au creux de son âme.

Il faut dire que les morceaux joués sont de choix:

- deux extraits de la Partita en la mineur de Jean-Sébastien Bach,

- la Chanson de Pan de Roger Bourdin

- la Danse de la chèvre d'Arthur Honegger

Quand Gilberte Favre était enfant, elle faisait du scoutisme. Sa cheftaine lui a demandé un jour ce qu'elle voulait faire. Elle lui a répondu: Écrire et voyager. Ce qui a suscité l'ironie de cette dernière. C'est pourtant ce qu'elle a fait, restant toujours elle-même, qu'elle écrive une fiction ou qu'elle décrive ce qu'elle voit.

Gilberte Favre a vu des choses terribles pendant ses voyages, mais aussi des choses merveilleuses. Même si le monde ne lui semble pas aller en s'améliorant, elle n'est pas blasée: il y a encore tant de choses pour elle à découvrir. Et elle n'a donc rien perdu ni de sa faculté d'émerveillement, ni de sa curiosité.

Gilberte Favre suit en cela le modèle que fut pour elle son mari Nourredine Zaza, qui, en tant que Kurde, a subi de terribles sévices sans éprouver jamais de ressentiments, et l'exemple que fut pour elle Maurice Chappaz qui était à la fois un homme curieux du Monde et, la chose est moins connue, d'une grande bonté.

Francis Richard


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