Au terme d'une rencontre d'un niveau très agréable, les Russes se sont qualifiés pour les demi finale de l'Euro 2008. Incroyables de maturité et d'assurance technique, les hommes de Guus Hiddink n'ont en rien volé leur billet pour le tour suivant, en surclassant des hollandais pourtant auteurs d'un premier tour fabuleux. Au terme d'une prolongation dominée de bout en bout, Arshavin et sa bande sont donc venus à bout de leur adversaire (3-1) et affronteront l'Italie ou l'Espagne pour une place en finale.
Brillamment qualifiés pour les quarts de finale en sortant en tête du groupe de la mort avec un bilan parfait, les Pays Bas affrontaient samedi soir à Bâle la Russie. Les oranges, forts de trois victoires, dont deux sur la France et l'Italie, nourrissaient après ce premier tour des ambitions grandissantes, voire de victoire finale. En effet, le niveau de jeu proposé et affiché durant les trois rencontres précédentes étaient d'une qualité telle que les hommes de Marco Van Basten étaient passés du simple statut d'outsider à celui de favoris pour soulever son deuxième trophée européen le 29 juin prochain, 20 ans après le sacre de Berlin. Mais avant de rêver à trouver ses successeurs au palmarès néerlandais, Van Basten devait affronter la Russie. Une équipe russe, entrainée par le magicien Hiddink, qui avait séduit au premier tour. Après une entame catastrophique contre l'Espagne (défaite 4-1, ndlr), les russes s'étaient défaits péniblement des champions en titre, la Grèce, avant de battre et dans le même temps d'éliminer la Suède au dernier match. Une victoire 2-0, durant laquelle les coéquipiers du génial Arshavin avaient séduit l'Europe du foot, par un jeu léché et porté sur l'offensive. La touche Hiddink, sans contestation. Le sélectionneur de nationalité... hollandaise, prouvait encore sa capacité à transcender ses joueurs. Après avoir mené la Corée du Sud en demi finale de la Coupe du Monde 2002, puis l'Australie en 8ème de finale quatre ans plus tard, c'est donc le pays tout fraichement vainqueur de la Coupe UEFA qu'il conduisait ce soir en quart de finale.
Tout était réuni pour assister donc à un beau match de football. Les deux formations étaient en pleine confiance, et avaient une approche du jeu que l'on aime: l'offensive. Pourtant, la première période ne répondait en rien à nos attentes. En tant que puristes que nous sommes, et que vous êtes, chers lecteurs de Suchasport, les 45 premières minutes nous laissaient clairement sur notre faim. Sur une pelouse qui ressemblait davantage à un stade de CFA qu'à une enceinte de quart de finale d'un Euro, les 22 acteurs semblaient être pris par l'enjeu, oubliant au passage le jeu. Les oranjes étaient même éteints en tout début de rencontre, et Arshavin ou encore Kolovin, par ses missiles lointains, obligeaient Van Der Saar à s'employer. Après une demi heure de tergiversation, les bataves s'essayaient enfin, par Van der Vaart sur coup franc, mais Van Nistelrooy d'abord, De Jong ensuite, manquaient de quelques centimètres la déviation de l'ouverture du score. L'attaquant du Real était également l'auteur d'une belle frappe détournée par Akinfeev suite à un bon dribble en pivot. C''est tout? Et oui, la première période se résumait, malheureusement à ça, seulement. Un constat était criant, les hollandais manquaient cruellement de vitesse devant, et les présences sur le banc de Robben et Van Persie n'y étaient pas étrangères. Mais force est de constater également que la bonne disposition tactique mise en place par Hiddink ne permettait pas à ses adversaires de trouver la faille dans une défense bien en place. A la pause d'ailleurs, Van Basten réagissait d'entrée en faisant apparaitre Van Persie en lieu et place d'un Kuyt affligeant de transparence.
30 secondes plus tard, l'attaquant des Gunners se mettait déjà en évidence en plaçant une bonne frappe, mais hors cadre. On se disait alors que les Pays Bas allaient trouver enfin leur vitesse de croisière et pouvoir prendre le dessus sur leurs adversaires. C'était sans compter sur des russes étonnants. Sur coup franc, Arshavin plaçait un ballon qui frôlait la lucarne de Van Der Saar, une minute avant que le portier mancunien ne soit cette fois-ci battu par Pavlyuchenko qui marquait d'un plat du pied au terme d'une magnifique action collective (56ème). Pour la première fois de la compétition, les finalistes des coupes du monde 74 et 78 étaient menés au score, et devaient désormais prouver si ils avaient les ressources nécessaires pour remonter ce petit but de retard.Après quelques minutes de flottement, les coéquipiers d'un Boulharouz endeuillé par la perte de son nouveau-né reprenaient quelque peu leur esprit. Mais ils n'arrivaient pas à s'approcher de la cage d'un Akinfeev serein sur les frappes lointaines de Sjneider ou Van der Vaart, tandis que Van Persie assommait des supporters sur un coup franc idéalement placé. En contre, les russes se montraient très dangereux, notamment par un Arshavin dans tous les bons coups, mais pas toujours auteur des meilleurs choix, malheureusement pour ses coéquipiers. A force de vendanger des balles de 2-0, ce qui devait arriver arriva. Sur un coup franc lointain du joueur du Real, Sjneider, son coéquipier en club Van Nistelrooy égalisait de prêt de la tête, inscrivant son 31ème but en sélection nationale (87ème minute). Plus rien ne se passait, et la prolongation arrivait sans que l'on puisse dire qui pouvait prendre l'ascendant, malgré le fait que les hollandais semblaient avoir un avantage psychologique.
Alors qu'on pensait logiquement que cette prolongation allait couper les jambes des joueurs, le premier quart d'heure n'allait pas dans ce sens. Du moins pour les russes. Les joueurs venus de l'est se montraient en effet les plus entreprenants, et avaient encore des jambes pour courir dans tous les sens, Arshavin en tête. Le joueur du Zénith se procurait la première grosse occasion sur une frappe enlevée, tandis que dans la foulée son coéquipier en club, et buteur du soir, Pavlyuchenko, trouvait la barre du gardien de Manchester sur une lourde frappe pure et somptueuse. Kolodin sur coup franc s'essayait à son tour, mais le ballon ne faisait que tutoyer les montants hollandais. Des hollandais tout heureux de se reposer une minute sans être à nouveau mené au score, tant la domination des hommes de Hiddink s'était intensifiée. Celle-ci ne connaissait d'ailleurs pas de répit, et sans la clémence de Mr Michel, arbitre de la rencontre, un penalty aurait certainement dû être accordé à Zhirkov. Signalons au passage que l'arbitre slovaque, déjà auteur d'un France-Italie catastrophique était encore à côté de ses chaussures, malheureusement pour le spectacle. Un spectacle que les russes assuraient encore, mais manquaient un nombre incroyables d'occasions nettes, les hollandais se disant sans doute qu'ils jouaient sous une très bonne étoile. Et pourtant... Une minute après avoir failli assister à un but gag contre son camp des russes, les joueurs de l'ex URSS repartaient encore de l'avant. Sur une énième accélération d'un Arshavin absolument étincelant, ce dernier plaçait un centre de l'extérieur du pied qui __lobait Van der Saar et que Torbinski reprenait du bout du pied pour inscrire le but de la qualification. Sauf que... Arshavin voulait aussi inscrire son but__. Le joyau, le bijou du Zénith partait sur une touche longue pour tromper le grand portier hollandais. Aucun superlatif n'était alors assez grand pour signifier la performance exceptionnelle d'un Arshavin qui sera forcément très demandé durant le mercato à venir. Mais avant de penser à son probable futur club, il devait désormais se reconcentrer sur une demi finale à venir.
Une demi finale que la Russie jouera jeudi soir, face à un autre géant du continent européen. En effet, les coéquipiers du capitaine Semak, ancien fantasque joueur du Paris Saint Germain, rencontreront les vainqueurs du Espagne - Italie de dimanche soir. Quoi qu'il en soit, ils auront prouvé que leur place à l'Euro n'avait rien à voir avec les contre performances de l'Angleterre en éliminatoire, mais seulement grâce à leur talent, s'affirmant de jour en jour. Il leur reste désormais à continuer à écrire l'histoire de leur nation, et au vu de la qualité affichée ce soir, rien ne serait étonnant de les voir continuer leur rêve naissant dans ce mois de juin. Rendez vous donc dans cinq jours pour voir la suite des aventures d'une équipe entrainée par un coach de génie, Guus Hiddink, et emmené par un football immense de talent, Arshavin.