14h38, 24 octobre, Reykjavik - Islande. L'heure du rendez-vous pour ce combat pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. L'Islande à beau être le pays des records positifs pour l'égalité hommes-femmes il n'en demeure pas moins qu'il demeure une inégalité tenace: celle du salaire. Ce combat des Islandaises pour l'égalité des sexes puise toute sa capacité mobilisatrice lors du dorénavant célèbre et mythique "women's day off" du 24 octobre 1975, journée où près de 90 % des islandaises ont manifesté à Reykjavik pour prouver à quel point elles étaient importantes et nécessaires pour l'équilibre du pays. Le temps d'une après-midi femmes au travail et femmes au foyer, le monde s'est arrêté en Islande. Elles ont fait la démonstration que sans leur contribution la société ne pouvait pas avancer, qu'elle était bloquée.
Ce 24 octobre est symbolique et l'écart de 14% des salaires avec les hommes les a incité pour aller manifester dans les rues de la capitale islandaise, pancartes de revendications à la main. Payées 14% de moins, les Islandaises estiment que tous les jours après 14h38, elles travaillent gratuitement. L'horaire de 14 h 38 a été choisi après un calcul fondé sur une journée de huit heures de travail. A partir de cette heure précise, les femmes ne seraient plus payées en Islande alors que les hommes continueraient à l'être jusqu'à 17h.
La mobilisation à été un immense succès, les bureaux, les entreprises, les écoles, les commerces, les foyers se sont vidés. L'efficacité des réseaux sociaux s'est avérée être un appui essentiel et elles se sont retrouvées sous le mot dièse " #jofnkjör " , ce qui veut dire "égalité de traitement".
Cette manifestation n'est pas la première car après celle originelle de 1975, il y eu celles de 2005 et 2010. En 2005, elles avaient arrêté le travail à 14h08 et en 2010 à 14h25. Les horaires changent mais si l'inégalité de traitement est grignotée pour atteindre l'égalité au rythme actuel les islandaises considèrent qu'il leur faudra attendre l'année 2068!
Leur dernière sortie est un ultimatum et leur combat original, courageux et lucide est un bel exemple. À quand chez nous qui nous berçons de cette douce illusion d'être un pays modèle de liberté, d'égalité et de fraternité.