Moins de libertés pour plus de sécurité ?
Published on juin 21stC’aurait pu être un joli sujet de philo au bac mai c’est LE débat qui fait rage en ce moment aux États-Unis et en Suède, et connaissant notre petit Président à nous qui bosse à l’américaine, il se pourrait bien que ce débat arrive plus tôt que prévu dans l’Hexagone à moins qu’il ne soit déjà là …
George W. Bush est encore là pour quelques mois, et il a bien envie de faire parler de lui. Tandis que Berlusconi veut limiter les écoutes téléphoniques dans son pays (qui est le champion du monde dans cette catégorie), le déjà oublié Président des États-Unis fait pression sur le Parlement et le Sénat américains pour faire passer un texte facilitant les écoutes téléphoniques au nom de la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. Plus précisément, ce texte protège les compagnies de télécommunications privées des plaintes des organisations de défense des libertés.
En résumé et sans grossir le trait, Bush veut rendre légal tout ce qui est actuellement illégal en termes de lutte contre le terrorisme. Ainsi tout le monde peut être espionné sans aucun recours et sans qu’un juge soit mis au courant. Bush veut aussi se laver les mains avant de partir en vacances. En effet l’affaire des écoutes téléphoniques après le 11 Septembre lui avait valu de nombreuses critiques. Si ce texte passe, le Parlement et le Sénat valident ces exactions (ou actions, ça dépend de votre point de vue).
En Suède, même schéma. Au nom de la surveillance et de la lutte contre le terrorisme, on fait en quelque sorte le jeu des terroristes puisqu’on réduit les libertés individuelles. Le texte qui a été adopté (143 voix contre 138) et qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009, va permettre à l’Agence d’écoutes militaires (FRA), un organisme civil, d’intercepter les courriels et appels téléphoniques à destination et en provenance de Suède.
Mais ce sont en fait toutes les communications, y compris en Suède, qui pourraient être interceptées car nombre de serveurs internet sont implantés à l’étranger et la FRA devrait contrôler ces échanges pour savoir s’ils ont passé ou non la frontière. Vous ne voyez pas où est le non-respect des libertés individuelles ? La liberté d’opinion et d’expression se caractérise par la possibilité pour chacun de penser et d’exprimer ses pensées sans censure préalable, mais non sans sanctions, si cette liberté porte préjudice à quelqu’un.
Avec ces législations à la “Big Brother”, déjà présente en Grande-Bretagne (où on a l’impression que des données personnelles inestimables sont volées tous les deux mois), aux États-Unis (qui écoute n’importe qui pour n’importe quoi au nom de la lutte contre le terrorisme) et donc bientôt en Suède (la FRA pourra agir sans autorisation de justice, quand ça lui chante, sans garde-fous, sans règles, vous imaginez les possibilités d’abus et de censure ?) c’est la réduction de vos libertés au nom de votre sécurité, les pleins pouvoirs de l’État sur les moyens de communication au nom de la lutte contre le terrorisme.
Êtes-vous prêts à faire ce sacrifice et à donner à l’Etat la possibilité de censurer tout et n’importe quoi sans restriction ?
En ce moment c’est le projet de loi HADOPI (qui devrait vraisemblablement être approuvé par le gouvernement) qui fait planer l’ombre de “Big Brother” sur la Toile française, avec la création d’une autorité supérieure (comprenez : qui pourra agir sans l’accord d’un juge judiciaire, autrement dit une autorité aux pleins pouvoirs) chargée de contrôler tout ce qui s’échange sur le Web et de riposter. Graduellement disent-ils, mais la sanction la plus sévère (suppression d’Internet pendant 1 an) peut être prise indépendamment des 2 autres (avertissement et avertissement par lettre recommandée), vous trouvez ça “gradué”, vous ? Avec en plus des moyens d’actions incertains, un projet en opposition avec l’Union Européenne (que la France va bientôt présider, vous saisissez l’ironie?), un projet qui n’est qu’un frein au développement de l’économie numérique car il ne s’agit que de riposter, sans réfléchir (aucune consultation n’a été faite de l’autorité de contrôle des sociétés de gestion, hébergée par la Cour des comptes et qui est aujourd’hui celle qui détient le plus de données sur le marché de la culture et sur son développement dans le numérique, autant vous dire qu’ils doivent se sentir kärshérisés les pauvres), sans tenir compte des conséquences.
On ne parle pas encore en France de donner officiellement à l’État les pleins pouvoirs concernant les écoutes téléphoniques, mais en observant le climat actuel, on se dit qu’on s’en approche à grandes enjambées. Je n’ose imaginer la réaction du gouvernement si un acte ou une tentative d’acte terroriste a lieu en France.
Je réitère ma question : Êtes-vous prêts à sacrifier vos libertés individuelles au nom de la lutte contre le terrorisme et/ou la protection des deniers des artistes à succès ?
(et avec ça on arrête pas de donner des leçons à la Chine… ah ils sont beaux les pays des Droits de l’Homme…)