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Les pionnières ont été reconnues en appliquant les codes managériaux déployés depuis toujours par leurs homologues masculins. Elles ont pris les postes et leurs consœurs n’ont pas forcément suivi. En effet, si pour avoir ces responsabilités, il fallait jouer à « être un homme », beaucoup ont refusé, consciemment ou non. Parce que depuis quelques décennies, les femmes ont repris le chemin des responsabilités en étant elles-mêmes. Et nous n’avons pu que faire le constat de ce fameux « management au féminin » : les femmes ont apporté une autre vision, une autre façon de réfléchir, de manager, de penser l’avenir… Chacun a découvert leur capacité à convaincre, à gérer les crises différemment, à travailler en pensant à autrui.
Les dirigeantes qui ont réussi nous ont apporté l’émotion, elles ont assumé leur humanité. Etre femme et dirigeante à la fois, c’est avoir la capacité de se remettre en question, de ne pas avoir des certitudes mais une écoute bienveillante. C’est savoir assumer les conséquences une fois les décisions prises et ne pas seulement se réserver les lauriers. Etre femme et dirigeante à la fois, version assumée, c’est être la définition même du manager : réflexion, écoute, soutien, persévérance, affirmation. Etre femme et dirigeante à la fois, c’est mettre en œuvre son « cerveau total » : raison, émotion, affirmation, prudence. Alors pourquoi tous ces problèmes persistent-ils ? Ces difficultés d’acceptation, ces différences salariales, ces difficultés à intégrer les conseils d’administration ? Notre société a changé, nous avons pris en compte l’égalité des sexes dans l’éducation de nos filles. Excellent ! Nous avons juste oublié d’éduquer nos fils dans le même référentiel. Nos filles savent qu’elles doivent se battre depuis toujours pour gagner leur place dans la société, dans nos écoles, dans nos entreprises. Elles subissent encore des questions absurdes pendant les entretiens d’embauches, mais aussi lors de leurs promotions internes.
Et nos fils pendant ce temps-là ? Eh bien eux sont toujours persuadés des devoirs qui leur incombent : être fort, ne pas pleurer, ne pas perdre et surtout travailler dur pour subvenir aux besoins de leur famille. C’est inscrit en eux, dans l’éducation et dans les fondamentaux que nous leur transmettons. Notre monde, celui de l’entreprise, marche sur la tête. Si les femmes dirigeantes sont aujourd’hui acceptées, elles doivent pourtant « toujours faire plus pour mériter un peu moins ». Heureusement, les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Nous autres, les hommes, devons comprendre, devons apprendre à être différents de nos « pères» pour communiquer et manager différemment. Nos entreprises et nos conseils d’administration ne pourront que gagner en performance, en justice et en humanité quand les hommes seront des femmes comme les autres. Mais comme le disait si bien Molière « le chemin est long du projet à la chose ». Et force est de constater que le chemin qui nous reste à parcourir est encore ardu.
A propos de l'auteur : François Enius est accompagnateur et conseiller de dirigeants.