Paris, Ile de France, France.
Dimanche 16 octobre 2016. 20h.
Festival Jazz sur Seine
Theo Bleckmann:voix, électronique
Ben Monder: guitare électrique, électronique
Concert diffusé en différé dans l'émission Jazz Club d' Yvan Amar sur France Musique, un samedi de 19h à 20h (heure de Paris). Je ne sais pas encore quel jour. Affaire à suivre.
Dès les premières notes, Ben Monder crée une bulle de magie. Il installe l'ambiance et le silence. Dans la salle je reconnais des musiciens de qualité: Tigran Hamasyanet Rick Margitza notamment. Des musiciens de cette valeur ne se déplacent pas pour écouter des peintres. C'est bon signe. La voix de Theo Bleckmann est très claire. Il chante du son plutôt que du sens. Il trafique son timbre avec l'électronique. Au tour de Ben Monder d'étirer le son et le temps. Ce sont des romances sans paroles ( Paul Verlaine). Pour une scène de western dans le désert, ce serait parfait. C'était " Late green " (Ben Monder)
Theo Bleckmann fait l'effort, apprécié, de nous parler en français. " Orchard " (Ben Monder) inspiré de Roumi, poète soufi. Cette fois, Theo Bleckmann chante la beauté et la fragilité d'un verger.
Enchaînement subtil de la guitare pour deux morceaux de Ben Monder inspirés du même poète soufi, Roumi. Ambiance froide et mystérieuse. D'ailleurs Theo Bleckmann chante l'absence de lumière. Les sons font des effets de vagues. Le duo fouille la matière sonore. Je n'accroche pas sur tout mais je reconnais l'originalité du travail. Ce n'est pas de la musique soufi: ni flûte, ni percussions, ni danseurs. Plutôt une transe froide.
Un nouvel album de ce duo paraîtra en janvier 2017. Affaire à suivre. Un poème zen adapté par Theo Bleckmann. Il n'y a plus d'effet électronique. C'est sobre et pur. Zen.
Une chanson qui balance doucement sans effet. Ca repose. Ce sont des chants d'amour courtois du XXI° siècle.
Le seul reproche à leur faire, c'est qu'il faut aimer les ballades. Il y a des variations mais ce sont toujours les mêmes sentiments d'absence, de fragilité qui sont joués. Dans le genre, ils sont excellents. Retour aux effets sur la voix pour une chanson de Joni Mitchell.
Ouï ce que joue la guitare, je ne reconnais pas le thème mais quand Theo Bleckmann chante, c'est évidemment " Norvegian wood " des Beatles. D'ailleurs, la façon de chanter de Theo Bleckmann sur cette chanson est inspirée de la façon de parler des Norvégiens nous explique t-il. Lectrices linguistes, lecteurs orthophonistes, je vous laisse en débattre.
PAUSE
Après un passage illisible dans mes notes, je repère " Douce dame jolie " de Guillaume de Machaut ( 1300-1377), chanté en français médiéval avec un délicieux accent américain accompagné par la guitare et l'électronique. Le choix de cette chanson montre bien le goût de ces artistes pour l'amour courtois. L'air et la chanson sont parfaitement reconnaissables mais portés vers une réalité augmentée, comme disent les xylolinguistes, grâce à la fée Electricité. Magique.
Retour à un son direct, clair et simple pour la chanson suivante. La voix s'étire alors que la guitare joue la mélodie en boucle sans jamais être répétitive.
Un nouveau poème zen mis en musique par Ben Monder. Depuis Jack Kerouac et la Beat Generation, le zen est à la mode aux Etats Unis d'Amérique.
" Comme nous sommes dans un club de Jazz, nous allons jouer un standard " I remember You " annonce Theo Bleckmann. Leur version n'avait rien de standard. Des envolées électriques, électroniques et lyriques de très haut niveau. Une véritable orgie sonore. Après un tel ouragan cosmique, il n'y a plus rien à ajouter.
Nous avons tout de même eu droit à un bis.
Theo Bleckmann nous remercie d'être venus car, à New York, le dimanche soir, il n'y a personne dans les clubs. Ce soir à Paris, ce n'est plein à ras bord mais il y a assez de mélomanes avertis pour apprécier. Très peu de départs en cours de concert d'ailleurs. Ils nous jouent un autre standard " I fall in love too easily " sans effet électro et sans nous faire penser à Chet Baker.
J'ai enfin découvert un duo qui existe depuis 15 ans, Theo Bleckmann & Ben Monder. Il était temps.
La photographie de Ben Monder est l'oeuvre du Céleste Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.
Ben Monder par Juan Carlos HERNANDEZ