Toutefois dès qu'il avait quitté l'Europe, il s'était déjà enregistré autrement. Sous le nom de Trumpf. Quand il débarque à Castle Garden, il fait cette fois tomber le "f". Nouvelle vie, nouvelle identité. Friedrich Trump est barbier.
Entre 1820 et 1892, 11 millions de nouveaux arrivants, les ancêtres de centaines de millions d'Étatsuniens de nos jours, allaient peupler Castle Garden et Ellis Island, face à la Statue de la Liberté. Dans une chaos de langue babelien si intense que le mot allemand/yiddish voulant dire "situation chaotique où l'on ne s'entend plus parler" deviendra kesselgarten.
Après avoir habité un petit peu avec sa soeur ainée, qui avait fait le voyage quelques années auparavant et s'était mariée à un commis du nom de Frederick Shuster, Friedrich allait offrir ses services comme barbier à Manhattan. À peu près là, où aujourd'hui s'érige un édifice offrant des facilités pour les nouveaux arrivants.
Vers 1890, on ne souhaitait que garder son argent gagné du jour en poche en traversant Bandit's Roost, artère dont le nom trahit la nature de l'environnement. Bien assez vite, les habitants de ce que l'on appellerait Little Germany, ne seraient plus seulement Allemands, mais aussi Russe, Chinois, Juifs ou Irlandais. Trump n'y restera pas longtemps. Le temps de se relocaliser au moins 4 fois avant de penser réorienter sa carrière.
10 ans de bons services de la sorte et non seulement entrait-il dans un nouveau siècle assez riche, mais aussi plein de nouvelles idées. Contrairement à son petit-fils futur, ses gains sont connus, il possédait autour de l'équivalent de nos jours à 505 248$, largement suffisant pour l'époque. Il se fonde une famille, a d'abord une fille, puis un fils, Fred Jr. avant d'avoir un dernier fils. Toujours barbier, mais sans pression financière, il achète des terrains et se trouve même un second emploi comme gérant d'hôtel. Quand la Première Grande Guerre éclate, la famille se fera discrète, puisque les doutes sur toutes racines allemandes sont présentes aux États-Unis. Il décède à l'âge de 49 ans des premiers cas de grippe espagnole.
Fred a 13 ans. Il travaillera comme "aide au cheval", à faire transporter le matériel de construction sur des sites de construction. Naît alors une passion.
C'est lui qui développerait ses idées de projets immobiliers pouvant peut-être rivaliser avec le château des Vanderbilt. Dès ses 15 ans, il se développe comme agent dans les développements immobilier. Il y fera fortune avant même ses 25 ans. En 1937, il a une fille, aujourd'hui juge à la cour d'appel des États-Unis, puis, un fils l'année suivante (décédé en 1981). Une autre fille en 1942, employée de la Chase Bank à Manhattan. Donald naît en 1946. Finalement Robert naît deux ans plus tard.
Le père de Donald Trump est inévitable dans l'ascension dans le monde des affaires de son fils Donald. Fred décède de la maladie d'Alzheimer* en 1999.
Difficile de comprendre la peur qui anime Donald Trump et leurs supporteurs face aux étrangers. D'autant plus que son propre grand-père est lui-même, source de tout ce qu'il est fièrement.
This country is sick.
C'est un grotesque moment qui se prolongera sur notre Amérique du Nord. Une frayeur nouvelle.
Notre propre crise des missiles de 1962.
Et on trouvera à dire que le FBI n'y sera pour rien.
Les marchés boursiers sont déjà en chute libre. Le vrai déclin de l'empire américain commence. Le site internet d'Immigration Canada a planté vers 23;13 parce que trop surchargé. On veut fuir le pays de l'oncle Sam.
La colère aveugle a parlé. Le mot important n'est pas colère mais bien aveugle. Ce pays aurait choisi la cécité volontaire.
Un pays visiblement malade, qui avait besoin de tout aussi malade pour donner une voix à de nouveaux mensonges, vierges.
La frustration des pro-Bernie Sanders sera abyssale.
La nausée matinale sera normale si ce n'est pas une femme qui dirige le pays de l'oncle Sam.
*Qui est une dégénération mentale, transférable de génération en génération...