Magazine Asie
Je manie les mots. Je communique, dialogue, me dispute parfois, surtout je m'exprime avec les mots. Dans ma tête, ils se tamponnent en un joyeux chaos. J'aime les mots. J'aime vérifier encore et toujours les définitions, apprendre l’étymologie, découvrir de nouveaux termes comme autant de possibilité de jeux. Autant d'enrichissement de mon vocabulaire et de mon expression. Autant d'outils pour aller vers soi et vers l'autre.
Souvent, nous parlons la même langue mais pas le même langage. Souvent, les mots sont teintés du sens subjectifs que nous leur donnons. De nos souvenirs, de notre ignorance, de nos erreurs.
J'aime les mots et pourtant, malgré toute leur diversité, leur précision, parfois, le mot se transforment en simples sons.
Des sons brouillés. Des sons flous, mélangés. Des sons dissonants. Des sons fatiguants. Des sons traitres, des sons mensongers. Des sons porteurs d'émotions qui font mal. D'émotions qui ne nous appartiennent pas.
J'aime les mots.Parfois, pourtant leur sons m'échappent. Leur sons me blessent.Je les laissent.Je me laisser aller. Aller au silence bleu, au vide tranquille. Au regard.
Debout, au bord du bassin d'Honfleur, au crépuscule. Tout se joue sur la surface mouvante d'un miroir contenu. Les marques de l'automne. La servitude des bateaux amarrés. Le dernier voyage d'une pâquerette esseulée.La vie qui réside et résiste, surtout où personne ne l'attend.
Toutes les photos ont été prises fin octobre à Honfleur. Le titre de cet article est une référence à la chanson éponyme de Depeche Mode.
Copyright : Marianne Ciaudo