Un beau spécimen de gorille dominant
Les Américains ont voté, démocratiquement, ils ont choisi leur chef, Donald Trump, un très beau spécimen de gorille dominant : ‘‘avec son dos jaune argenté, sa stature massive, ses parades d'intimidation, poussant des grands borborygmes d'insulte, affichant ses attributs virils massacrant tous ses compétiteurs (1)’', il n'a rien à envier à son cousin et apparaît comme un homme fort et invincible, à même de rassurer sa tribu.
Sa victoire, il la doit largement à ses cousins primates, puisqu’il a appliqué scrupuleusement les recettes permettant aux gorilles d’accéder au pouvoir. En promettant de construire des murs de béton et de taxes...pour mieux protéger les citoyens des menaces de communautés étrangères, Donald Trump n'a pas agi autrement que son cousin singe qui se positionne en protecteur de la troupe. Le gorille n'hésite pas à donner de la voix et à parader pour affirmer sa force et démontrer sa capacité à repousser les ennemis : les prédateurs de tout poil à savoir les autres tribus de gorilles, les fauves, les braconniers... . Plus il rassure les membres de sa tribu et plus il augmente les chances de ravir la couronne.
Pour se hisser au rang de chef, un grand singe se doit de groomer les membres de sa communauté, les caresser, les épouiller, physiquement. D Trump a retenu la leçon. Il n'a pas ménagé ses efforts pour groomer, les membres de sa tribu, les plus fragilisés (les ouvriers, les retraités, les SDF...), Il ne s'est pas contenté de twitter, il les a rencontrés en face à face, sur le terrain, quand Hillary Clinton préférait s’afficher avec des champions sportifs, des stars hollywoodiennes ou de la Silicon Valley.
Comme le gorille dominant, Donald Trump s'est montré violent dans la conquête du pouvoir, s'il n’a pas osé mordre sa rivale, il a dégainé les insultes et les accusations pour la mettre à terre et multiplié les critiques à l’égard des élites et de l’establishment. Il ne s’est pas montré plus tendre à l’égard de tous ceux, les Mexicains ou les musulmans notamment qui, selon lui menacent ses protégés.
Comme le gorille alpha, il se méfie des autres mâles adultes dominants, et préfère s’entourer de jeunes et de jolies femmes à commencer par les membres de sa grande famille. S’il n’est pas polygame (chez les primates américains, c'est interdit !), les femmes se sont succédé dans sa vie, et pas les plus repoussantes selon les critères humains : Ivana, Miss Maples et Melania pour ne citer que les « officielles ».
La loi de la peur chez les primates
Comment la première nation au monde a pu se laisser séduire par le modèle gorille au 21 ième siècle ?
Surprenante cette prise de pouvoir par un gorille ? Pas vraiment, comme je le confiais au quotidien du Médecin en juin dernier, "le gorille dominant promet de rendre sa force perdue à la tribu des laissés-pour-compte, des humiliés" cf l'article.
Donald Trump, s’est présenté en défenseur de la classe moyenne blanche américaine qui ne s'est jamais complétement remise de la crise des subprimes - elle a perdu la moitié de "ses économies" - par opposition aux élites, à la Silicon Valley, au monde bancaire qui ont su « se refaire » et ont clairement repris du poil de la bête depuis 2008.
Ces élections confirment une loi très répandue chez les primates : en période de pénurie ou de crainte (quand les prédateurs menacent la tribu), les singes ont tendance à choisir un chef plutôt fort voire tyrannique. Comme s’ils se sentaient mieux protégés avec ce profil de « dur ». Il semble que ce sentiment soit toujours à l’œuvre aujourd’hui dans une espèce animale (l’homme) qui se veut pourtant largement plus évoluée. Quand l’émotion entre en conflit avec l’intelligence, c’est souvent la première qui l'emporte. Notre cerveau émotionnel, prend le pas dans les contextes de peur.
La métamorphose du gorille en chimpanzé ?
Pour autant, doit-on s’attendre au pire avec un gorille à la tête de la première nation au monde ?
Pas si sûr, à condition que Donald Trump continue à suivre la voie indiquée par son cousin singe. En effet, la réalité du gorille est assez éloignée de son image, de monstre poilu. Notre cousin singe est plutôt pacifique et peu agressif...quand il ne se sent pas menacé.
Maintenant qu’il est assis sur le trône, on peut penser que sa fureur laissera place à l’apaisement et qu’il rassemblera sa tribu autour de lui.
Qui sait, aussi, si Donald Trump après s’être comporté en vrai gorille pendant la quête du pouvoir, ne va pas désormais suivre le modèle chimpanzé, un animal politique bien plus habile. Ses premières déclarations de ce matin ouvrent l’espoir. Au lieu de fustiger les Musulmans, les Mexicains, ou Hillary Clinton, il se montre rassembleur, appelle à l’unité, exprime même de la gratitude à l’égard de sa concurrente démocrate… Il semble suivre les traces du chimpanzé alpha, qui après avoir été « élu », n’a de cesse de se réconcilier avec ses rivaux afin que sa tribu retrouve la paix. Gageons que comme lui, pour sécuriser son statut, Donald Trump aura le souci de rechercher un plus large soutien de sa tribu et qu'il saura lui aussi nouer des alliances avec d’autres tribus et accepter des compromis... jusqu'à amender très largement son programme ? espérons-le !
(1) Extrait de l’article de Christian Delahaye - Quotidien du Médecin Juin 2016