Ainsi donc, contre toute attente (et comme je l’avais envisagé), Trump est élu. La stupéfaction de certains médias, rageusement acquis à la cause de Clinton, fait d’autant plus plaisir à voir qu’ils avaient pratiqué sans la moindre retenue le biais le plus grossier en faveur de leur candidate. Et imaginer Hollande devant serrer la main du nouveau président américain promet sa dose de LOL. Mais au-delà de cette petite réjouissance fugace, à quoi peut-on maintenant s’attendre ?
Disons les choses clairement : le pays dont hérite Trump n’est pas au mieux de sa forme.
Pour commencer, le bilan de l’administration Obama est tout sauf reluisant. La nouvelle couverture de santé, l’Obamacare, est, de l’aveu d’un nombre grandissant d’acteurs de tous bords, une catastrophe dont les coûts ne cessent d’exploser. Sur le plan militaire, Obama, tout bardé de son Nobel de la Paix, aura été l’un des présidents américains les plus belliciste et celui qui aura fait tuer le plus grand nombre de personnes, avec ou sans mandat de l’ONU, comme l’ont tristement rappelé les Drone Papers. Enfin, sur le plan économique, aucun des bidouillages éhontés des principaux indicateurs n’a réussi à camoufler des États-Unis en très petite forme.
Les données ne sont pas bonnes : la dette n’a cessé d’augmenter dans des proportions stratosphériques et la proportion de chômeurs ou de défaut de paiement des différents crédits (immobiliers, à la consommation, étudiants, …) continue de grimper. En outre, les marchés sont maintenant plongés dans l’incertitude. Si, avec Clinton, ils pouvaient espérer la continuité des tendances impulsées par l’administration Obama (un taux directeur ridiculement bas, un tripatouillage incessant de la Fed dans les affaires financières du pays, par exemple), Trump leur offre l’inconnu ce qui ne manquera pas de les rendre extrêmement nerveux.
De la même façon que le Brexit s’était traduit par une volée de bois vert sur la Livre anglaise, on peut s’attendre à des mouvements violents sur les marchés. Certaines institutions financières, fragilisées par des années de crise et de mauvaise gestion, résisteront-elles ou au contraire, feront-elles faillite avec perte et fracas, faisant courir le risque d’un petit moment Lehman à toute la bourse ? Gageons que cette déconfiture serait tartinée avec gourmandise par les Démocrates et l’écrasante majorité des médias qui y verraient le signe certain que Trump n’est pas apte à diriger la première puissance mondiale…
Sur le plan géopolitique, les États-Unis sont embourbés dans des relations délicates avec la Russie et la Chine. La question syrienne est au centre des préoccupations européennes et américaines, et n’occulte que difficilement les tensions accrue en Mer de Chine. Enfin, l’arrivée au pouvoir de Trump ne permet de voir clairement ce que les États-Unis feront vis-à-vis de l’Arabie Saoudite ou du Qatar alors que les dernières révélations de Wikileaks prouvent, sans le moindre doute, la collusion d’une partie de l’administration précédente avec ces royaumes, eux-mêmes manifestement liés au financement de groupes terroristes. Et si la dépendance américaine au pétrole reste forte, celle aux producteurs du Moyen-Orient a, elle, considérablement diminué. Difficile de savoir ce que Donald Trump fera sur ces questions…
Mais de loin, le plus préoccupant sera la politique intérieure. Non seulement, la politique extérieure est épineuse, non seulement l’économie n’est décidément pas au beau fixe et la finance montre des signes de nervosité extrême, mais en plus le nouveau président va devoir gérer un pays profondément divisé suite à une élection présidentielle particulièrement bas de gamme où aucun échange de coup n’aura été retenu. À ce sujet, on peut d’ores et déjà prévoir un retour de bâton très douloureux pour ces médias et ces instituts de sondage qui n’auront finalement pas pu, malgré les moyens énormes qu’ils ont mis en place, éviter la déroute du clan Clinton ; tout cet argent qui n’aura pas permis d’orienter (lire « influencer ») le peuple pour le Camp du Bien, c’est fort gênant et les petites larmes des journalistes ne compenseront pas. Pire, ces médias n’ont jamais été à la hauteur des enjeux en cantonnant la campagne à une question de personne au lieu de forcer les candidats à débattre des questions de fond, essentielles à l’avenir du pays.
Je doute en effet qu’un mur entre les États-Unis et le Mexique résolve quelque problème migratoire que ce soit. Je doute qu’on trouve dans les phrases décousues et les coqs-à-l-âne enfilés comme des perles par le bouillonnant candidat le moindre programme politique ou économique viable. Mais Trump est loin d’être un imbécile, n’en déplaise aux médias friands de caricatures grossières. Il va devoir s’entourer et son passé, jalonné de beaucoup plus de succès que d’échecs, montre qu’il sait le faire et sait diriger des équipes lorsqu’il s’est fixé un but clair (et cette élection présidentielle à l’arrachée le montre mieux encore que ses millions de dollars amassés dans l’immobilier).
Cependant, à la différence de Reagan qui pouvait faire valoir une certaine culture économique classique (il avait même lu Bastiat, par exemple), Trump a malheureusement démontré dans ses saillies oratoires qu’il était plutôt interventionniste et pas franchement libéral.
D’un côté, il préconise ainsi de couper franchement certains impôts, ce qui est une excellente chose, mais ne met pas en face de coupes dans les dépenses pourtant gargantuesques de l’État fédéral (dans la défense notamment). Dès lors, la dette et l’extension de l’État américain, omniprésent, risquent bien de se poursuivre. Or, ce n’est vraiment pas de ça dont le pays a besoin.
En outre, le protectionnisme que Trump compte mettre en place (vis-à-vis des Chinois par exemple) pourrait s’avérer extrêmement coûteux pour les Américains, d’autant que cette option économique n’est finalement jamais bénéfique pour personne (et Bastiat, justement, l’a amplement prouvé en son temps).
En réalité, il faudra bien plus que des conseillers affûtés et des équipes taillées au cordeau pour redresser la barre ou, comme le voulait son slogan de campagne, « make America great again », d’autant que, tout comme pendant la campagne, Trump devra lutter systématiquement contre l’establishment financier et médiatique, farouchement opposés à son mandat, pour chacune de ses décisions, et ce en surcroît des bâtons politiques que les Démocrates s’empresseront de lui jeter dans les roues.
D’autant que ces manœuvres politiciennes risquent fort de prendre place sur fond de scandales et de révélations tonitruantes sur le clan Clinton, de plus en plus visiblement mouillé dans un nombre invraisemblables d’affaires louches (l’état de santé d’Hillary, jusque là flamboyant de solidité, sera-t-il son ultime joker pour éviter la prison ?).
Difficile, très difficile, dans ces conditions économiques, politiques et internationales de mener à bien des projets d’envergure, sans parler en plus du projet idiot de mur frontalier. De ce point de vue, les tâches qui s’amoncellent devant le nouveau président s’annoncent herculéennes.
On ne peut que, sans trop y croire, lui souhaiter bonne chance.
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